Assistance alimentaire : Les nations unies sans solution au Cameroun

C’est ce qui ressort du récent communiqué conjoint de ses deux organes spécialisés que sont le PAM et le UNHCR, rendu public et qui évoque un montant de plus de 23 millions de dollars pour poursuivre son intervention.

 

 

 

Afrique54.net | La jeune Awa et quelques enfants de son âge s’amusent ce mercredi du mois d’avril 2024 dans ce périmètre du camp des réfugiés de Minawao, sous le regard bienveillant de parents qui sont très détendus. Bien qu’elle ne s’exprime qu’en haussa, elle semble visiblement comprendre quelques mots en français, puisqu’à nos salutations, elle accourt toute joyeuse pour se jeter dans nos bras.

Dans sa famille, nous apprend on, c’est Awa âgée de 8 ans seulement, qui joue les interprète. Son intelligence ainsi que son ouverture d’esprit, en plus des cours organisés dans ce camp, lui ont permis de vite se familiariser aux langues utilisées ici. Comme la plupart des parents ici, ceux d’Awa sont loin de s’imaginer que dès les jours à venir, leur famille de 6 membres pourrait ne plus bénéficier de l’aide alimentaire.

Des mesures restrictives

« Ce n’est pas une situation qui concerne exclusivement le Cameroun. Face aux soutiens des donateurs qui ont baissé ces dernières années, le PAM a été obligé de revoir sa stratégie d’intervention partout », déclare Aboubakar Guindo, directeur adjoint du PAM au Cameroun.

Tout en affirmant que « cette situation a déjà contraint le PAM à réduire les rations des réfugiés de 50 pour cent. A côté de nouvelles stratégies comme les cantines scolaires. «Le HCR va procéder aux dépriorisations de certaines activités d’assistance tout en en privilégiant celles ayant trait à l’inclusion socio-économique et l’autonomisation des réfugiés dans les circuits économiques des zones les hébergeant», nous apprend le directeur adjoint du HCR au Cameroun César Tshilombo.

Une menace de crise humanitaire

Le HCR et le PAM entendent donc continuer à faire entendre leurs voix, malgré le ciel encore sombre, pour le renforcement de la complémentarité entre tous les acteurs sur le terrain.

Afin que les autres agences du système des Nations Unies incluent les réfugiés dans leurs plans et programmes, que les acteurs de développement s’intéressent aux problématiques de réfugiés et que les institutions financières internationales (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Banque Islamique de Développement, et autres) s’engagent à financer les projets de développement et de construction des infrastructures sociocommunautaires dans les régions d’accueil de réfugiés. Une synergie d’action qui pourrait considérablement réduire les effets pervers d’une interruption brutale.

Une situation aux effets pervers

“Sans un soutien immédiat, nous n’aurons d’autre choix que de réduire encore davantage les portions déjà maigres sur les assiettes des réfugiés, avec toutes les conséquences dévastatrices que cela entraînera, notamment l’augmentation de la malnutrition et de la faim, l’exposition à des risques liés à la protection sociale poussant les familles à recourir à des stratégies désespérées pour faire face à la situation. Il s’agit du retrait des enfants de l’école et la réduction de leur consommation alimentaire – affectant surtout les femmes et les enfants”, a déclaré Wanja Kaaria, Représentante du PAM et Directrice Pays au Cameroun.

 

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Des besoins chiffrés insuffisants

« En rapport avec le communiqué conjoint PAM – HCR,  il faut noter que pour couvrir les besoins en vivres de réfugiés de la RCA et du Nigeria sous assistance alimentaire (vivres ou monétaire), le PAM a planifié un budget de USD 31 124 519. A ce jour, le PAM connaît un déficit de USD 27 675 593 soit un manque de 89 pour cent du budget requis. Sans un soutien spécial des bailleurs, le PAM sera obligé d’arrêter la distribution des vivres fin avril 2024, avec les conséquences que nous savons. D’où la pertinence de l’appel conjoint…

Pour accomplir son mandat, le HCR au Cameroun a besoin en 2024 d’un financement de USD 135.7 millions. A date, l’organisation n’a reçu de la part de ses bailleurs que 17.3 millions soit 13 pour cent du budget requis », ajoute César Tshilombo.

Des démarches qui montrent véritablement que les nations unies n’ont aucune alternative sans une compensation du déficit budgétaire ainsi que la réduction des activités d’assistance individuelle.

 

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© Afrique54.net | Thierry Eba

 

 

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