EDITORIAL ► L’Afrique et les 7 perruques de Prigojine

Par Marcien Essimi

 

 

Si la rébellion de Wagner, vue aujourd’hui comme une tentative manquée de coup d’Etat contre Vladimir Poutine, a cristallisé les attentions de la planète sur la Russie, elle doit interpeler les Africains et notamment plusieurs dirigeants du continent.

Ces derniers, à qui il est offert  les services du groupe paramilitaire Wagner dans le cadre de la coopération militaire avec Moscou, devraient déjà prendre conscience et rester plus lucides. Son « traître » chef, autrefois présenté comme son fondateur -alors qu’il n’en était rien – était en déficit d’honneur et de fidélité vis-à-vis de l’Etat russe, devient de plus en plus un risque pour l’Afrique.

Présenté par des observateurs de la scène socio-politique d’un pays voisin du Cameroun comme un cancer, Wagner qui soit encore dirigé par Evgueni Prigojine, ce « traître » aux visages et perruques multiples, n’est plus fiable à nos yeux. Des sources bien introduites dans le sérail centrafricain, nous confient que des responsables de Wagner se sont livrés au chantage à l’endroit des dirigeants centrafricains notamment de Touadera. Monsieur le président s’est senti obligé de dégager son premier ministre. «Si vous ne marchez plus comme on veut, on vous dégage, » des propos attribués à un responsable de Wagner en RCA par un diplomate centrafricain ayant requis l’anonymat.

 

 

Ce dernier (l’ancien premier ministre de Touadera), était l’un des rares collaborateurs de Touadera à faire preuve de lucidité sur les méthodes Wagner en Centrafrique. Aujourd’hui les événements semblent lui donner raison. Depuis fin mai, les autorités de Bangui veulent désormais traiter avec l’armée régulière de la Russie. L’appel de l’ambassadeur de la RCA à Moscou, Léon Dodonu-Punagaza, pour l’installation d’une base militaire russe sur le territoire pour 5.000 à 10.000 soldats de l’armée régulière, est fort évident.

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Tenez ! Si la créature de Moscou a nourri l’idée, avec quelques complicités internes appuyées par des soutiens extérieurs, de défier le maître du Kremlin qui a fait investir 86 milliards de roubles  sur Wagner, ce n’est pas les bénéficiaires des prestations de Wagner qui auront droit à sa loyauté. Wagner est une gangrène sévère, un cancer qui va ronger les Africains si ces derniers ne sont pas précautionneux.

 

 

Les dirigeants du continent devraient revoir certains points de leurs accords avec Moscou à la suite de la volte-face de Wagner. Son intervention en RCA produit certes des résultats meilleurs que ceux d’une séculaire et interminable présence militaire française, mais le fait de les avoir comme principal partenaire n’est pas une démarche sage. Certains dirigeants resteront les otages d’un chantage en continu de ces mercenaires qui coûtent chers aux contribuables africains. ‘’10 000 USD par mois’’ pour un mercenaire Wagner, révélait le Président nigérien Bazoum il  y a plus d’un an, après avoir sollicité une offre russe qu’il déclinera. Ailleurs d’autres situent ce coût entre 4500 et 6000 USD.

Cela reste un impératif. Même la  rencontre  du 29 juin 2023   entre le président russe Vladimir Poutine  et 35 commandants de  Wagner dont Evguéni Prigojine ,  ne doit changer en rien la position que devrait  adopter  l’Afrique face à  la Russie.

 

 

Les dirigeants africains engagés dans la coopération militaire avec la Russie doivent obtenir l’engagement et l’assurance de la responsabilité de la fédération russe, la conduite  des sociétés de sécurité affiliés en Russie et qui opèrent dans le  continent. En matière  de loyauté envers même la Russie, Wagner n’est plus fiable. Il serait mieux pour l’Afrique de traiter avec les anciens éléments Wagner ayant fait allégeance au gouvernement russe  et non avec le dangereux Prigojine, le maître chanteur aux perruques et visages multiples.

La  rencontre  du 29 juin  entre le président russe Vladimir Poutine  et 35 commandants de  Wagner dont Evguéni Prigojine ,  ne doit changer en rien la position que devraient  adopter des chefs d’Etat et de gouvernements africains face à  la Russie.

 

 

 

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