[ Chronique] ‘Affaire Martinez Zogo’ – Le Président du Groupe l’Anecdote victime des media ‘antiBelinga’ en quête des annonceurs

 

 

Dès 1836 les journaux ont fait appel à la publicité. Le premier objectif était de couvrir les coûts de production extrêmement élevés. Le second, rendre accessible le coût de lecture ou d’information au plus grand nombre. Cependant, le rôle de la publicité dans les media va plus loin.La publicité confère d’une part, un certain pouvoir aux annonceurs sur le contenu intrinsèque des journaux, et d’autre part elle crée une interaction entre les ‘éditeurs’ et les ‘annonceurs.

L’‘affaire Martinez Zogo,’montre que cette structure relationnelle entre les entreprises éditrices et annonceurs n’a pas au Cameroun sur le plan traditionnel des implications majeures sur la nature de la concurrence que les entreprises médiatiques dans plusieurs pays se livrent entre elles, en termes de pluralisme d’opinions.

L’influence sur le contenu du journal se fait par l’‘achat obscur de conscience’ et/ou par affinité tribale (ce qui n’est pas rare ailleurs). Ainsi, le PDG du ‘Consortium ‘l’Anecdote’ est devenu avec l’assassinat de Zogo un ‘encart publicitaire’ chèrement payé dans les media qui se sont constitués à charge contre lui.

 

 

Barbarisme médiatique

L’acte odieux. L’assassinat de Martinez Zogo. La barbarie exprimée à travers ce crime a touché les cœurs. La conscience. Voire blessé les âmes les plus récalcitrantes. Certains se sont dit très en colère. Pour d’autres, ceux qui ont tué Zogo ont vendu leurs âmes à l’enfer. Les ‘pleureurs publics-hypocrites’ ont déclaré qu’il n’y a pas de mots assez durs et assez forts pour condamner cet acte, à travers lequel les media sans âme se sont laissé instrumentaliser par des criminels politiques et économiques.

Dans cette cohorte des media tenus en laisse par les miettes reçues des ONGs‘terroristes’ dites de défense des droits humains et/ou de protection des journalistes, les ingrédients sont complets pour couvrir ce crime sans label, et le transformer en une agression médiatique violente contre Amougou Belinga. Protocole mensonger pour l’isoler. Le scenario semble parfait.

Néanmoins, ces media font face à des questions qui ne sont pas toujours dans leur quotidien. Mais sont routine dans les cabarets et sur les réseaux sociaux. Des questions comme s’attaquer frontalement à un media, à un patron de presse, à un homme d’affaires puissant, à de hautes personnalités civiles et militaires, se posent. Désigner les coupables sans preuves, en sachant qu’ils s’exposent à des représailles ou à un retour de bâton, est une autre question à gérer.

Cette ère de barbarisme médiatique inaugurée avec l’‘affaire’ tantôt ‘Belinga,’ tantôt ‘Martinez,’ montre l’insolidarité entre media. Des divergences commandées explosent. Pas de questionnements sur les éléments pouvant expliquer leurs agressions. Cette posture hypocrite arrange les clans ou l’ordre établi. Satisfait les extrémistes qui réclament des têtes—surtout celle de Belinga. Cette bataille politico-médiatico-criminelle permet de savoir à quel point les media sont un secteur d’entreprises où la concurrence est cruelle, et la corruption maître du jeu. Des tares qui touchent la liberté d’expression, un des éléments fondamentaux de la liberté publique et de la société humaine constituée de diversités.

 

 

Bataille de positionnement

C’est évident, la rivalité entre les organes de presse ou entre les media de façon générale existe. Tout comme elle fait partie du jeu de l’information entre journalistes et communicants. Dans le premier cas, la rivalité se situe sur le plan éditorial. Dans le second, elle se construit autour de la définition même de la ‘bonne’ information qui devrait être ‘publiée.’ Vu ainsi, la rivalité est positive. Chaque groupe voulant réussir à imposer ce qu’il pense ou croit être la ‘vraie’ vision ou version de l’histoire qui s’écrit au quotidien—les journalistes et les communicants dans une moindre mesure étant les historiens du présent.

Dans cette bataille de positionnement, les journalistes ont un rôle historique de ‘mission civique’ qui doit se faire sans haine ni rancune, ni pour des intérêts mercantiles, pour aider à ‘corriger’ les dysfonctionnements des sociétés qu’ils couvrent. Dit autrement, ils doivent scruter la société, l’appréhender, lire ses discontinuités ou incohérences—ce qui est et non ce qu’ils fabriquent—et les mettre en toute objectivité à la disposition du public et des décideurs.

Répondre à une telle exigence suppose qu’ils doivent croiser les sources. Si une question récurrente de pose (comme dans le cas de l’‘affaire Martinez’), et qu’il faut nécessairement la couvrir, le journalisme sérieux devrait trouver un ‘angle’ d’attaque qui lui permet de ne pas rester dans la routine, les redites, répéter en restant dans le sillon de ce que d’autres disent sans investiguer. Une telle approche qui nécessite un effort supplémentaire, donne une autre lecture à l’événement couvert et un autre axe de compréhension du sujet traité aux récepteurs de l’information en même temps qu’il aiguise leur analyse.

 

 

Concurrents et servants des chapelles

Mais le traitement de l’information en dehors de sa théorisation, n’est pas toujours propre. Surtout pour les sujets à haut intérêt politique et économique comme celui de l’‘affaire Zogo Martinez.’ Les journalistes voulant se remplir les poches manipulent les armes de la plume, de la parole, et des images, pour peser sur les conflits internes à un camp en favorisant une tendance contre une autre. Cachant ou masquant les dysfonctionnements d’un groupe ou d’un autre. Toute chose qui ne valorise pas le sens critique (critiques positives) qui est un des crédos essentiels du journalisme.

Ils sont (communicants et journalistes) quelle que soit leur ligne éditoriale et la définition qu’ils donnent au concept de l’‘information,’des adeptes et servants d’une chapelle politique. Voire de plusieurs à la fois. Ou flottant d’une boutique politique à une autre. Ils sont d’une manière ou d’une autre proches des pouvoirs politiques (exerçant le pouvoir d’Etat ou animant l’opposition). Ils sont également au services des pôles d’influences économique ou sociale. Ils sont donc au ‘service’ d’un clan avec qui ils sont en ‘connivence’ ou à la disposition de leur ‘complice.’

Même si les journalistes prétendent qu’ils constituent le contre-pouvoir, ils n’ont pas un positionnement neutre. L’‘affaire Zogo’ instruit énormément sur ce point. Elle permet de comprendre que les journalistes n’ont pas les mêmes intérêts. La caste des journalistes ‘antiBelinga’ ne s’inscrit pas dans la morale civique.l’‘éthique’ et la ‘déontologie’—Reste à savoir s’ils savent ce que c’est—sont mises de côté. La fonction de ‘contrôle’ qui est l’un des rôles des journalistes est rejetée.

 

 

Le ‘mensonge’ et la ‘propagande’ sont épousés comme fonds de commerce dans leurs activités journalistiques de chantage. Ils sont rémunérés non pas pour lire et dire l’actualité telle qu’elle se déroule, mais pour être les porte-paroles de ceux pour qui ils vendent leur service d’‘agit-prop.’Sur ce marché, les journalistes-mercenaires ont un intérêt à ce que la relation se passe ‘bien,’et ‘perdure.’

Sous cet angle, ils sont mobilisés et se mobilisent pour être toujours disponibles. A travailler sans se poser la question de savoir jusqu’où il est loisible d’aller. Exactement comme Martinez Zogo. C’est la règle. Ils sont rétribués pour ça. Pour ‘vendre’ l’image des adversaires de Amougou Belinga. Présenter leur meilleur profil à‘l’intérieur,’et particulièrement à ‘l’extérieur’ qui est souvent leur sponsor à travers les commanditaires internes.

Belinga, recette publicitaire des media ‘antiBelinga’

Certains se demandent pourquoi ces media ‘antiBelinga’ jouent à ce jeu. La raison est simple. Dans la jungle médiatique les recettes du journal dépendent à la fois de ses ventes aux lecteurs, et des ventes d’encarts aux annonceurs (recettes éditoriales et recettes publicitaires). La valeur économique de l’‘espace publicitaire’ est ‘proportionnelle’ à la taille du lectorat dont le choix se porte très souvent vers le journal qui lui fournit une image politique, économique et sociale la plus proche de celle qu’il partage. Ainsi, ‘la taille du lectorat d’un titre correspond approximativement à la proportion de la population dont l’opinion politique est la plus proche de celle du journal.’ A cet effet, le financement publicitaire a une incidence sur le contenu de l’information. Influe sur le comportement des lecteurs. Joue un rôle crucial sur l’information politique, économique, sociale, culturelle, du récepteur.

 

 

Les media ‘antiBelinga’ étant orphelins des annonceurs sérieux, n’ont pas cette relation commerciale qui permet au journal qui a beaucoup de publicité ou un grand nombre de pages de publicité, d’avoir encore plus de lecteurs, et encore plus d’annonceurs. Un ensemble qui concourt à l’augmentation du nombre de tirages, et donc, plus d’argent. Sous ce principe, les media ‘antiBelinga’ qui sont ‘incapables de soutenir la concurrence que se livrent les entreprises de presse sur le marché des lecteurs et sur le marché de la publicité’ jouent leur survie.

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Se prostituer, se livrer à vil prix pour être utilisés dans la gestion des contradictions internes à un système politique, est une opportunité pour eux. Un moyen pour ne pas être éliminés du marché de la presse toujours agressif. Pourtant, qu’ils disparaissent ou pas du marché, personne ne constatera une réduction de la diversité des titres. Et ne se plaindra. Dans ce tourbillon,La théorie de la ‘spirale de la diffusion’ qui accroît la diffusion par rapport au poids de la publicité, selon Lars Furhoff dans un article publié en 1973 dans la ‘Scandinavian Economic History Review’ ne concerne pas ces media ‘antiBelinga.’

Le marché de la presse ainsi structuré, le PDG de ‘Vision 4’ n’est pas seulement un trophée de guerre que ses adversaires et concurrents voudraient avoir. Il est une (la) ‘publicité.’ Une source de rentrées financières pour ces media qui édulcorent son image, n’attirent pas les annonceurs, n’intéressent pas les lecteurs qui vont vers les media qui leur permettent de tirer bénéfice de la publicité.

 

 

 

Eclosion du journalisme de chantage

Le laisser-aller, le chantage, et la corruption, dans ce corps de métier ont fait éclore ‘des hommes comme Zogo qui faisait tout sauf du journalisme. [Et] que l’on veut vendre à la doxa comme un journaliste émérite qui enquêtait sur les détournements des deniers publics au Cameroun [alors qu’il] n’en était pas un.’ Affirme dans Mutations, 17 mars 2023,le journaliste Hiondi Nkam IV. Il poursuit. ‘Ce qu’il faisait très souvent c’était de l’investigation tronquée au bon vouloir du mieux disant.’

A travers ces propos, Hiondi dénonce ce que les journalistes n’aiment pas entendre—la corruption qui règne dans leur cercle. Se référant au non-respect de l’éthique et de la déontologie, dans lequel Martinez excellait, il écrit. ‘Il représentait ce que l’on ne doit pas faire en Journalisme—du chantage en règle.’NkamIV épingle également ses confrères sur ces mots.

Pour ce qui est de la place qu’il s’était fait dans le monde médiatique, il explique. ‘Son ascension fulgurante consacrait aussi la démission d’une corporation de journalistes désorganisée et paupérisée à l’extrême.’Ce vide organisationnel lui a donné de l’audience. ‘Il avait son public. Savait se faire entendre. Et a occupé un ‘grand’ espace.’ Précise Hiondi qui est convaincu que Martinez ‘a été assassiné parce qu’il était lui-même l’un des sicaires de la mafia dont il défendait l’un des camps.’

Néanmoins, pour des sous, Martinez a ses défenseurs dans la gamme des media ‘antiBelinga.’

 

Par Dr Feumba Samen

 

 

 

 

 

 

 

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