Liberté de la presse : 293 journalistes emprisonnés dans le monde en 2021, la liste des  10 mauvais élèves

« Le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde a atteint un nouveau record », telle est la conclusion du rapport de 2021, le Comité de protection des journalistes (CPJ) qui a recensé 293 journalistes derrière les barreaux.

 

Afrique54.net – Dans un communiqué de presse sur son rapport 2021, publié ce 09 décembre 2021 à New York, le CPJ révèle que « le nombre journalistes empoisonnés dans le monde a atteint un nouveau record ». En effet, en 2021, 293 journalistes sont derrière les barreaux. Pour cause, les bouleversements politiques et la répression des médias reflètent l’intolérance croissante à l’égard des reportages indépendants dans le monde.

Dans le même temps, les assassinats ciblés de journalistes persistent, avec 24 cas documentés par le Comité pour la protection des journalistes dans son recensement annuel des journalistes emprisonnés et son enquête annuelle sur les attaques contre la presse.

Les mauvais élèves

Selon le communiqué du CPJ, « La Chine reste le pays qui emprisonne le plus de journalistes au monde ; l’Inde et le Mexique figurent parmi les plus meurtriers ». Le recensement 2021 du CPJ fait état de 50 journalistes derrière les barreaux en Chine. Elle est suivie par le Myanmar (26), puis par l’Égypte (25), le Vietnam (23) et la Biélorussie (19).

Parmi les dix pays en tête de liste figurent également la Turquie, l’Érythrée, l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran. Leurs dirigeants utilisent régulièrement les lois sur la technologie et la sécurité comme arme pour étouffer les dissidents en toute violation des et normes internationales. À l’échelle globale, les accusations d’activités hostiles envers l’État demeurent les plus courantes. Mais cette année, le CPJ a également recensé au moins 17 journalistes emprisonnés accusés de cybercriminalité.

En Europe, la Biélorussie, qui est devenue tristement célèbre pour avoir détourné un vol commercial dans le but d’interpeler le journaliste Raman Pratasevich, compte maintenant 19 journalistes derrière les barreaux. Le nombre le plus élevé dans le pays depuis 1992.

En Amérique latine, le nombre a historiquement baissé. 03 journalistes ont été emprisonnés à Cuba, 02 Nicaragua et 01 au Brésil. On note aussi que les menaces contre la liberté de la presse se sont intensifiées dans toute la région.

L’Erythrée et l’Ethiopie tiennent la palme d’or

En Afrique subsaharienne, l’Erythrée et l’Ethiopie tiennent la palme d’or. En Éthiopie, l’escalade de la guerre civile a entraîné de nouvelles restrictions médiatiques qui en font le deuxième où l’on emprisonne le plus de journalistes en Afrique subsaharienne, après l’Érythrée.

En Amérique du Nord, aucun journaliste n’a été emprisonné jusqu’au 1er décembre. Cependant, l’U.S. Press Freedom Tracker, partenaire du CPJ, a enregistré 56 arrestations et détentions de journalistes à travers les États-Unis en 2021, la grande majorité survenant lors de manifestations.

Pour Joël Simon, Directeur exécutif du CPJ, « C’est la sixième année consécutive que le CPJ documente un nombre record de journalistes emprisonnés dans le monde. Ce chiffre reflète deux défis inextricables : les gouvernements sont déterminés à contrôler et à gérer l’information, et ils sont de plus en plus effrontés dans leurs efforts à cet égard. » « Emprisonner des journalistes pour avoir couvert l’actualité est la marque d’un régime autoritaire. Il est désolant de voir les nombreux pays sur la liste année après année, mais il est particulièrement horrifiant que le Myanmar et l’Éthiopie aient si brutalement claqué la porte à la liberté de la presse », a-t-il ajouté.

Des assassinats en représailles

Cette année, près de 80 % des journalistes tués dans le monde cette année ont été assassinés. Dans les régimes démocratiques comme dans les régimes autoritaires, le cycle de l’impunité demeure, envoyant un signal glaçant aux journalistes.

À l’échelle mondiale, l’Inde a enregistré le plus grand nombre de journalistes assassinés en représailles directes à leur travail soit 04, et un autre tué alors qu’il couvrait une manifestation. Cependant, le Mexique reste le pays le plus meurtrier de l’hémisphère occidental pour les journalistes, dont trois ont été assassinés en lien avec leur travail, alors que les motifs de six autres assassinats font actuellement l’objet d’une enquête.

Malgré le tableau plutôt sombre brossé, le CPJ continue de lutter contre la censure. « Le plaidoyer du CPJ a contribué à la libération anticipée d’au moins 100 journalistes emprisonnés dans le monde en 2021 », indique le communiqué. Dans le cadre de l’initiative A Safer World For The Truth, le CPJ a lancé un Tribunal du peuple pour lutter contre l’impunité pour les assassinats de journalistes.

 

By Afrique54.net – Marcien Essimi

Facebook Comments Box