Gouvernance au Gabon : Transition ou révolution de Palais

Plus d’un mois après le coup d’Etat des militaires, conduits par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, les commentaires naviguent entre transition et révolution de palais.

 

 

 

 

Afrique54.net  | Pour plusieurs observateurs de la scène politique africaine, il est difficile de qualifier avec exactitude la modalité de ce changement constitutionnel. Plus d’un mois après le chargement de l’ordre constitutionnel survenu la nuit du 30 août 2023, à la tête de l’Etat gabonais, c’est une ferveur populaire qui accompagne toutes les sorties du nouvel homme fort du pays.

Adulé par l’immense majorité de la population, la classe politique et les militaires, Oligui Nguema apparaît désormais aux yeux de tous, comme ce libérateur pour un peuple qui vivait depuis plus de 55 ans, sous la domination de la ‘’dynastie Bongo’’.L’annonce du coup d’Etat suscite une liesse populaire dans la capitale Libreville ainsi d’autres villes dont Port-Gentil.

Un coup d’Etat sans effusion de sang

Ali Bongo a été élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui a dirigé le pays pendant 41 ans sans partage. Dans la nuit du 30 août 2023, moins d’une heure après l’annonce de la réélection d’Ali Bongo Ondimba, l’armée gabonaise, évoquant des fraudes massives a mis fin à son règne, l’accusant aussi de corruption. 72 heures après, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema considéré comme le cerveau du putsch, a été proclamé président de la transition.

 

 

Dans un contexte de contestation des résultats de l’élection présidentielle et de tensions politiques, le pays connaît un coup d’Etat militaire. Une douzaine de militaires de plusieurs corps des forces armées gabonaises annoncent sur la chaîne de télévision Gabon 24’, l’annulation des élections et la dissolution des institutions. Qualifiant les résultats du scrutin de « tronqués », ils annoncent aussi la mise en place d’un Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).

 

Une révolution de Palais

Le lendemain de la prise de pouvoir des militaires dans son pays, l’opposant gabonais Ondo Ossa affirme que l’on est en face d’une révolution de palais qui maintient en place le système Bongo. « Il faut situer les choses dans leur contexte. D’abord ce n’est pas un coup d’Etat, c’est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d’Ali Bongo […] Les Bongo ont trouvé qu’il fallait mettre Ali Bongo de côté pour poursuivre effectivement le système Bongo », a-déclare-t-il sur TV5 Monde.

De l’avis d’un analyste politique, Oligui Nguema n’est pas à la tête du Gabon par hasard. Il fait partie des personnes qui connaissent parfaitement l’appareil de l’Etat.

 

 

L’ambiguïté prévaut

Après la prise du pouvoir, les putschistes ne se contentent pas uniquement d’interrompre le processus électoral, ils procèdent également à la dissolution de la Constitution et des institutions. La charte de la transition est adoptée le 02 septembre 2023. Une dualité de la nomenclature transitoire qui pourrait bien entraîner le flou. Car un Etat, ce sont d’abord les textes, qu’il s’agisse d’un Etat de droit ou non. Ces textes se doivent d’être clairs, sans équivoque et surtout aisément compréhensibles.

Cette exigence de lisibilité et de clarté est davantage cruciale s’agissant du texte fondamental qu’est la Constitution ou tout autre texte de valeur équivalente. Jusqu’au 30 août 2023, la Constitution en vigueur était celle du 26 mars 1991, elle a été révisée pas moins de huit fois. En réalité, ce sont les deux dernières modifications, celle du 18 juin 2018 et surtout celle du 17 avril 2023, qui ont considérablement altéré les principes et valeurs démocratiques portés par la Constitution de 1991.

 

© Afrique54.net | Thierry Eba

 

 

 

Facebook Comments Box