Sa Majesté Bruno Mvondo : « Nous voulons que les Chefs traditionnels occupent la première place dans la gestion de la biodiversité au Cameroun »

►Le Réseau des Chefs Traditionnels d’Afrique pour la Gestion Durable de la Biodiversité et des Écosystèmes des Forêts (RecTrad) organise depuis hier un atelier de trois jours (31 juillet-02 août 2023) à la Fondation Friedricch Ebert à Yaoundé.

►Le thème des échanges est « Les forêts disparaissent, les peuples et les traditions aussi. Plaidoyer des chefs traditionnels du bassin du Congo ». En marge de cette activité, le Président du RecTrad a accordé une interview à la rédaction d’Afrique 54.

 

L’ENTRETIEN

 

▌Le rôle des chefs traditionnels dans la gouvernance de la biodiversité et des ressources forestières est au centre de votre atelier. Quelle position occupe l’autorité traditionnelle aujourd’hui dans la gestion des ressources forestière et de la biodiversité au Cameroun et dans le bassin du Congo ?

Les textes officiels mettent l’autorité traditionnelle en pôle position dans le combat pour la préservation et la gestion des ressources forestières et la biodiversité dans notre contexte.  Mais dans la pratique, les chefs traditionnels occupent une place accessoire dans ce dispositif. C’est pour cette raison que nous voulons d’abord que nous prenions conscience du pouvoir qui est le nôtre.

Nous-mêmes nous devons nous déployer pour défendre ce que les textes nous permettent de faire. Et quand on parle des autres mesures de conservation, référence est faite à la tradition. Nous traditionnalistes nous avons tout intérêt à faire prévaloir cela pour montrer qu’effectivement ça existe, que nous avons la capacité à valoriser cela.

 

“Nous voulons qu’on nous donne la première place et les moyens pour protéger ces ressources mieux qu’hier”

 

 

▌Les termes de référence de votre activité ressortent en filigrane une frustration dont seraient victimes les chefs traditionnels quant à la position qui est la leur dans le dispositif de protection et de gestion des ressources forestières et de la biodiversité. Est-ce que vous le confirmez ?

Frustration peut-être pas. On n’a pas besoin d’être frustré face à son enfant (référence faite aux administrations et aux décideurs, Ndlr). Il y a de la gêne. Mais on se dit qu’on n’est jamais fatigué de dire ce qu’on pense vis-à-vis des autres pour qu’ensemble on puisse revoir la façon de faire.

Nous sommes en train de recadrer les choses par rapport à nous-mêmes d’abord, ensuite on ira vers les autres qui sont intégrés dans le processus de gestion de la biodiversité. Nous sommes convaincus qu’au sortir d’ici, chacun saura sa part de responsabilité dans ce devoir de protection des ressources de la biodiversité.

 

▌ Un plaidoyer c’est une direction, c’est des objectifs. À l’issue de cette activité, quelle est la place que l’autorité traditionnelle souhaiterait occuper dans le dispositif de gouvernance forestière au Cameroun et en Afrique centrale ? 

La première. Parce que nous sommes les riverains, les plus proches de la ressource et sans elle, nos traditions vont mourir. Donc nous sommes les premiers acteurs dans l’utilisation, la conservation et la préservation de la biodiversité. Nous voulons qu’on nous donne la première place et les moyens pour protéger ces ressources mieux qu’hier.

 

Entretien réalisé par Eugène MESSINA  pour Afrique54.net

 

 

 

 

 

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