Gouvernance au Cameroun :  L’association CaDEA favorable à l’évaluation

► L’association Cameroon Development Evaluation Association (CaDEA) ne cache plus son penchant pour l’évaluation en ce qui concerne les politiques publiques au Cameroun.

 

 

 

Afrique54.net | A travers la première édition de la Semaine Camerounaise de l’Evaluation qui s’est tenue du 19 au 28 juin 2023, CaDEA entend poser les jalons de l’institutionnalisation de l’évaluation au Cameroun.

La quasi totalité des plateaux camerounais de télévision, servent régulièrement les week-ends des programmes de débats, qui tiennent en haleine l’opinion. Espaces au cours desquels critiques, argumentaires, analyses et quelques fois invectives ont fait leurs nids. Dans la sphère publique, il est rare que l’usager-citoyen influe directement sur l’affectation des fonds publics.

Même dans le cas de services des écoles, transports, et autres…, l’usager a peu l’occasion d’exprimer un choix, que le service offert soit en situation de monopole ou n’ait pas d’équivalent marchand. Cette absence de rétroaction de la société rend nécessaire une évaluation de la dépense publique, à la fois dans son usage et dans son affectation.

 

 

Un outil indispensable pour l’atteinte des ODD

L’agenda 2030 appelle à un suivi et une revue des processus qui examinent les progrès en vue de l’atteinte des ODD. Ces processus sont nécessaires aux niveaux international et régional, mais surtout au niveau national. Pour être utile au maximum aux décideurs politiques et aux citoyens, cet outil doit intégrer de rigoureuses évaluations menées sur le plan national. Lequel examine la mise en œuvre et l’effectivité des politiques et des programmes.

Actuellement, un accent particulier est mis sur comment mesurer les progrès en utilisant des indicateurs. Mais l’évaluation doit aller au-delà de la mesure, pour apprécier si les progrès sont équitables, pertinents et durables. Ces évidences vont aider à démontrer la redevabilité du secteur public et à accélérer des changements en mettant l’attention sur l’amélioration de l’apprentissage et de l’innovation.

 

 

La mesure seule n’est pas suffisante

L’évaluation est une activité qui vise à produire des connaissances sur les actions publiques, notamment quant à leurs effets. Dans le but non seulement de permettre aux citoyens d’en apprécier la valeur, mais d’aider les décideurs à en améliorer la pertinence, l’efficacité, l’efficience, la cohérence et les impacts. L’évaluation de l’action publique vise prioritairement trois objectifs à savoir éclairer la décision, rendre compte au citoyen de l’usage des fonds publics et alimenter la réflexion et le débat public.

« C’est dans la quête de l’atteinte de ces objectifs que depuis lors, la CaDEA a multiplié les actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer en direction des pouvoirs publics, des acteurs au développement et des étudiants, en vue de l’institutionnalisation de l’évaluation, » a confié Alphonse Boyogueno, le président de la CaDEA.

 

 

 

Les enjeux de l’évaluation

Le Cameroun a mis du temps à accepter l’idée positive de l’évaluation de l’action publique. Evaluer, c’est laisser la place au débat et au doute. Or plusieurs raisons convergent. Les institutions républicaines ont pris la suite de la monarchie par-delà la démocratie. La souveraineté nationale, exprimée par les représentants du peuple, est le décalque de la souveraineté monarchique. Dans cette culture, l’intérêt général se décrète. Ce n’est pas une construction collective comme dans la notion anglo-saxonne de bien commun.

Les grands commis de l’Etat incarnent l’intérêt général et ne sauraient faillir et leur action n’a pas à être évaluée. Les élus de leur côté craignent un usage politicien de l’évaluation, où les éléments mis au jour pourraient être utilisés contre eux dans une campagne électorale.

 

© Afrique54.net |Thierry Eba

 

 

Facebook Comments Box