Mines au Cameroun : Près de 3000 enfants en situation de pire forme de travail dans  la région de l’Est du pays

Selon les estimations de l’UN Press Club, recueillis auprès de plusieurs organisations au mois de juin 2023, près de 3000 enfants sont en situation de pire forme de travail seulement dans les mines de Betaré Oya.

 

Crédit photo : Afrique54 / TE
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Afrique54.net |  A 16 ans, Philippe Doko fait déjà partie des travailleurs dont la voix compte dans ce chantier minier. Ici à ” Ndongo’’, une localité située à quelques encablures du village Mali,  dans l’arrondissement de Betaré Oya, hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes creusent au quotidien. Ils sont à la recherche de l’or, qui pourra définitivement changer leurs vies. Comme Philippe, de nombreux enfants travaillent dans les chantiers miniers.

Exploitation sauvage des enfants

En groupe ou en famille, ils ont choisi les voies des mines dans la Vallée de l’or. Les plus jeunes sont conduits dans ces travaux par leurs parents, pour aider à laver la terre, dans l’espoir de recueillir un peu d’or et survenir à leurs besoins vitaux.

Cette année, près de 3000 enfants ont été recensés dans la dizaine de sites parcourus par les équipes du Cameroon UN Press Club. Un nombre en constance augmentation, en temps de vacances. Le nombre d’enfants pourrait doubler au cours des prochaines années, avec le flux de réfugiés sans cesse croissant dans le pays.

 

 

 

Crédit photo : Afrique54 / TE
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D’après le HCR, dans le seul camp de Ndokayo on dénombre près de 10.000 personnes. « C’est triste qu’au lieu d’aller l’école,  nos enfants vont dans les chantiers. C’est vrai que l’école c’est la vie, mais que voulez-vous que les parents fassent ? Les gens n’arrivent même plus à faire des champs à cause des trous creusés partout par les Chinois. Les populations préfèrent désormais aller creuser eux-mêmes, et espérer avoir un petit quelque chose pour vivre, » nous confie Dagobert Dodo, un riverain rencontré à Betaré Oya.

Les droits fondamentaux menacés

Agés de 6 à 17 ans, et issus essentiellement de familles pauvres, des milliers d’enfants camerounais, au lieu de se rendre à l’école, viennent gonfler les rangs des esclaves modernes dans les mines, pour aider leur famille à survivre. Une situation préoccupante dans la région de l’Est Cameroun. Réputée pour être l’une des régions les plus riches si l’on s’en tient à son potentiel, la plus vaste, cependant parmi les plus pauvres.

Malgré ses richesses, l’Est affiche ses inégalités sociales au grand jour. Malheureusement, leur exploitation crée des foyers d’atteintes aux droits humains et de la nature.

 

 

 

 

Le développement fortement entravé

Il y est souvent dénoncé la destruction de l’environnement physique, la destruction de la flore et la faune ainsi que le recrutement forcé des mineurs dans les mines ou carrières. Sans perdre de vue l’exposition aux produits radioactifs très dangereux pour la santé humaine.

A Bétaré Oya, l’or est devenu une source financière sûre pour les Chinois qui pullulent ainsi que pour les Burkinabé et les Centrafricains. Bien gérée, l’exploitation de l’or peut contribuer à la construction d’une société de justice et de paix.

 

Nicolas Baba, maire de Betaré Oya – Crédit photo : Afrique54 / TE

« Ce qui se passe dans les chantiers miniers, même moi le maire, je n’en sais rien. J’apprends qu’il y a des chantiers miniers, mais je ne sais même pas où ils se trouvent, » confie Nicolas Baba, Maire de Betaré Oya.

 

Face à ce phénomène qui compromet fortement l’atteinte des ODD auprès des populations de cette partie du Cameroun, l’UN Press Club apporte sa voix aux initiatives de terrain. A défaut d’une scolarisation normale et face à une précarité paralysante empêchant toute vie familiale décente, ces enfants qui sont soit attirés par les adultes désœuvrés dans les mines, soit envoyés par les parents totalement démunis pour chercher des moyens de survie, méritent d’être protégés et les parents sensibilisés.

 

Mines au Cameroun : Près de 3000 enfants en situation de pire forme de travail dans la région de l’Est du pays
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© Afrique54.net | Thierry Eba

 

 

 

 

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