Géopolitique :  Menaces et jeu trouble des sociétés de sécurité privée américaines opérant sur le sol africain

 

Par Charly KENGNE

 

 

 

L’Afrique aujourd’hui en proie à une insécurité voulue, choisie et entretenue depuis bientôt une vingtaine d’années en l’occurrence la menace terroriste est contrainte à de nombreux défis et réajustements pour espérer s’en sortir.

Ajouter à ça, on peut citer entre autres le grand banditisme , la grande criminalité, la criminalité transfrontalière, le trafic de drogue et le blanchiment de capitaux ; autant de maux indépendamment des prérogatives et obligations liées au fonctionnement d’un État qui ont poussé les pays Africains et même du monde à libéraliser le secteur de la sécurité avec d’importants parts de marché qui ont été remis aux sociétés de sécurité privée étrangère majoritairement occidentales.

Sociétés de sécurité privée étrangères dont les pays respectifs ont vite fait de fleurer là une opportunité idoine non seulement de faire rentrer des devises dans leur pays en créant de l’emploi pour leurs concitoyens mais surtout de pouvoir s’en servir comme moyen technique et pratique en vue de faciliter l’implémentation de leur politique étrangère sur le sol africain.

 

Voilà comment dans le cadre de sa politique étrangère en Afrique, le congrès américain votait il y a plus d’un an (01) aujourd’hui la loi intitulé HR 731105 portant “Répressions des activités malveillantes de la Fédération de Russie sur le sol Africain”. Une loi qui définit clairement comment Washington entend collaborer avec ses partenaires Africains. Et comme à son habitude, il ne s’agit nullement d’un partenariat basé sur des règles, un bénéfice mutuel des parties, des normes et standards internationaux dans le strict respect des principes du Droit International tel qu’ils l’ont décrit à l’instar du “Respect de la Souveraineté des États” mais beaucoup plus d’une stratégie axée prioritairement sur la menace, l’intimidation, l’hypocrisie, le double-jeu, le mensonge, le Rapt, le vol et le pillage.

Dans cette nouvelle loi, Washington développe sa stratégie dans le cadre de sa politique étrangère en Afrique autour du “Soft Power”. C’est à dire la multiplication “d’Opérations Clandestines” ou “Opérations Secrètes” sur le continent.

Sur la base de ce schéma ( Politique) , pour y arriver , ils ( États-Unis) savent qu’ils peuvent compter ou mettre à contribution quatre force ou atout dont ils disposent en Afrique :

1- LES AMBASSADES : Au-delà du narratif qui vous est raconté ci et là comme quoi ces ambassades ont pour rôle de faciliter la coopération entre les États, renforcer les liens et les échanges entre les pays. Je vous le dis simplement le rôle premier d’une ambassade ou Mission Diplomatique c’est : l’ ESPIONNAGE. Tout le reste là vient après. Et parce que pendant longtemps nous n’avons pas compris cela que les autres nous ont manipulé et abrutis. Voilà pourquoi depuis que nous avons pris conscience ou du moins commençons à prendre conscience, ils ont créé un autre système et réseau d’espionnage bien plus légal, sophistiqué et mieux encore capable de se mouvoir et d’opérer à l’intérieur de nos États sans être inquiété soi dit en passant pour des raisons”HUMANITAIRES”. Ce qu’ils ont appelé “ONG” ( Organisation Non  Gouvernementale ).

 

 

2– LENDOCOLONAT : Aucune force extérieure ne peut déstabiliser ou mettre en mal la Paix et la sécurité d’un État sans une complicité interne. Malheureusement chez nous loin d’être des illettrés ou des tiers, les traîtres à nos États majoritairement sont : l’élite bourgeoise et comprador, les diplômés ( ceux là qui ont amassé des papiers et ont été formatés à l’idéologie atlantiste ) , les acteurs socio-culturels ( Artistes et musiciens) , les opérateurs économiques ( Bayam Sellam internationaux) et pire encore certains membres au sein de notre haute administration.

3- LES BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES : Je rappelle ici que le rôle premier d’une base militaire étrangère sur le sol Africain n’est point de nous aider à résoudre nos problèmes de sécurité. Mais simplement à faciliter l’implémentation de la politique étrangère de leur pays chez nous en passant par la protection et la sauvegarde de leurs intérêts économiques dans nos pays.

4- LES SOCIÉTÉS DE SÉCURITÉ PRIVÉE ÉTRANGÈRES ( SOCIÉTÉS MILITAIRES PRIVÉES )

Dans le cadre de notre analyse, on s’attardera justement sur la menace et le jeu trouble que représente ces sociétés de sécurité privée étrangère précisément américaine sur le sol Africain.

 

I- LES SOCIÉTÉS DE SÉCURITÉ PRIVÉE ÉTRANGÈRES ( SOCIÉTÉS MILITAIRES  PRIVÉES ) EN AFRIQUE UNE LONGUE HISTOIRE 

La présence des sociétés militaires privées (SMP) sur le continent africain ne remonte toutefois pas à la présence du groupe Wagner au Mali ou en République Centrafricaine. Wagner n’est d’ailleurs pas la seule SMP à intervenir en Afrique.

Amandine Dusoulier a mené des recherches sur les SMP pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).

 

 

Elle note que : 

“L’industrie de la sécurité privée possède une longue histoire sur le continent africain que ce soit au Sahel, par exemple au Mali, ou en République centrafricaine. Cet état de fait est favorisé par deux éléments : la faiblesse des institutions gouvernementales de certains pays et la richesse de ses sous-sols. Lesdites entreprises sont engagées directement par les gouvernements, les puissances étrangères actives sur les territoires nationaux, des entreprises, etc… pour mener un large panel d’activités telles que la participation à des missions de combat, la protection de sites d’extraction, la formation des forces armées locales et de gardes du corps présidentiels, l’évacuation médicalisée aéroportée de soldats et le soutien logistique.”

Ceci dit, au regard des réalités observées et observables sur ces dix dernières années, il ressort clairement que la déstabilisation des États Africains passent aujourd’hui par ces sociétés de sécurité privée étrangère précisément américaine en plus des ONG.

II- RÔLE DES SOCIÉTÉS PRIVÉES ÉTRANGÈRE EN AFRIQUE : LE CAS DES SOCIÉTÉS PRIVÉES AMÉRICAINES.

Un très grand nombre de sociétés privées américaines opèrent dans le monde et certaines ont une très forte expérience dans toute l’Afrique notamment en Afrique de l’ouest. Ces sociétés sont récemment devenues très actives en Afrique Centrale par la signatures de gros contrats de service de sécurité avec plusieurs États et gouvernement de la zone Afrique centrale. Mais loin de l’assistance technique en matière de sécurité dont fait mention leur cahier de charge, voilà ce à quoi celles-ci s’attellent lorsqu’elles opèrent sur le continent.

 

 

1- COLLECTE DE RENSEIGNEMENT SUR LES FORCES ARMÉES DES PAYS. À l’avenir ces données seront utilisées par leur agence de renseignement ( CIA) à sa propre discrétion. Ces données pourraient également se retrouver entre les mains des bandits ou terroristes qui pourraient les utiliser contre les armées.

2- LE RECRUTEMENT DE MERCENAIRES, LA FORMATION ET LA COORDINATION ACCRUE AVEC L’OPPOSITION EXTRÉMISTE. UN AUTRE POINT EST LE CIBLAGE DES FRAPPES AÉRIENNES NOTAMMENT CELLES VISANT À ÉLIMINER DES DIRIGEANTS POLITIQUES OU MILITAIRES.

3- LES PROVOCATIONS DE LA POPULATION LOCALE VISANT À CRÉER UN CLIMAT DE PROTESTATION AINSI QUE LA FORMATION D’UN RÉSEAU D’ENTREPRENEURS FIDÈLES ET D’AGENTS D’INFLUENCE.

4- PRÉPARATION DES MOUVEMENTS REBELLES DESTINÉS À INTENSIFIER LES HOSTILITÉS INTERETHNIQUES, INTERCONFESSIONNELLES ET INTERTRIBALES DANS LE BUT DE DIVISER L’UNITÉ TERRITORIALE DU PAYS.

III- QUELQUES CAS PRATIQUES DE LA MENACE QUE REPRÉSENTE CES SOCIÉTÉS PRIVÉES AMÉRICAINES SUR LE SOL AFRICAIN

De toutes ces sociétés privées américaines opérant sur le sol Africain, les plus dangereuses et les plus en vues sont au nombre de quatre (04). Il s’agit précisément de :

A- CHEMONICS  INTERNATIONAL : Cette société privée américaine opère dans plus de 100 pays à travers le monde y compris les pays africains tels que la Lybie, l’Éthiopie, Nigeria, la RDC, Sénégal, Tanzanie, le Mozambique et le Congo. En Lybie leurs activités ont conduit le pays à devenir une plateforme d’activités terro-ristes qui a conduit à la guerre civile de 2019-2020, puis la division du pays en deux (02) parties. CHEMONICS INTERNATIONAL possède également une forte expérience en Afrique de l’ouest. D’ailleurs l’intervention de cette organisation dans le Sahel a conduit une crise sécuritaire.

 

B- BANCROFT GLOBAL DEVELOPMENT : Cette organisation de sécurité privée opère dans le monde entier mais se concentre particulièrement sur la Somalie. Pendant leur mandat en Somalie , la situation sécuritaire s’est détériorée. Depuis 2018, la Somalie a cessé en tant que État unique. Le territoire est divisé en six (06) États non reconnus. Rappelons que récemment les médias ont annoncé le fait que Bancroft tentait d’établir une coopération avec l’opposition Centrafricaine.

C- ALLIED UNIVERSAL : Considéré comme la plus grande agence de sécurité au monde , elle possède une grande expérience en Afrique. Certains faits révélés par les médias démontrent que cette agence a contribué à la sécession du Soudan en deux (02) ( avec la création du Soudan du Sud) dans le Cadre d’une stratégie américaine visant à affaiblir son ennemi régional le président Omar El Bechir pour avoir donné le marché de l’exploration et de l’exploitation de son pétrole au Chinois plutôt qu’aux américains.

D- GARDA WORLD : Cette société de sécurité privée américaine opère au Sahel et en Lybie pour assurer le flux migratoire dans l’intérêt du gouvernement américain dont elle agit comme entrepreneur privé malgré sa juridiction canadienne.

NB: Rappelons ici que la plupart ou du moins leur  grande majorité, ces sociétés de sécurité privée américaines sont des sous-traitants du Pentagone, du Département d’État et de la CIA. Voilà donc des réalités qui contrastent avec le discours officiels portés par les États-Unis.

“Détenir le meilleur marteau ne signifie pas que chaque problème est un clou” – Barack Hussein Obama, West Point 28 mai 2014.

 

 

 

 

 

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