Yaoundé : routes et ordures de la discorde

C’était pourtant une bonne réunion interministérielle d’urgence mais normale que le Premier Ministre, Joseph Dion Ngute, préside à l’immeuble Étoile ce 26 octobre 2023.

 

 

 

Tous les acteurs MINTP, MINVILLE, MINDEVEL et Maire de la ville de Yaoundé examinent les solutions à court et à long termes pour le traitement des ordures ménagères et la voirie urbaine en état de délabrement avancé. Pas d’éclats de voix en fait.

Mais dehors, la CRTV est postée et organise une mise en scène. À l’insu des protagonistes. Certainement pour la nécessité d’équilibrer l’information en sondant les acteurs pour en savoir davantage sur cette épineuse question.

Face à la caméra les membres du gouvernement égrènent les pistes de solutions et placent les maires de ville et d’arrondissement face à leurs responsabilités. Luc Messi Atangana, maire de la ville de Yaoundé semble accepter son statut de martyr. Sans broncher.

Mais Augustin Tamba, maire de l’arrondissement de Yaoundé 7 est plus offensif et ne se laisse pas faire. Il dénonce le manque de moyens alloués au Collectivités territoriales décentralisées. L’impuissance de l’État donc? Des failles de cette décentralisation qui étale ainsi déjà ses limites? Tout est dit en pointillés.

 

 

 

Pour l’histoire

Dans une ville de Buea meurtrie par les effets du tremblement de terre à faible amplitude au début des années 2000, le Chef de l’État promit la réfection de la voirie urbaine. Pour matérialiser cette promesse le Chef du Gouvernement de l’époque Peter Mafany Musongue ordonna au Ministre des Travaux Publics Jérôme OBI Eta d’assurer le leadership.

Nonobstant pourtant l’existence d’un ministère de l’urbanisme et de l’habitat habileté à le faire. C’est ainsi que fut amorcée la réalisation de la pénétrante de Buea, la boucle de Bova ainsi que d’autres itinéraires de la ville. Cette approche peut s’appliquer aussi à Yaoundé pour la visibilité et l’efficacité de l’action gouvernementale. Juste pour gérer l’urgence.

Le MINTP dispose des ressources humaines et des équipements nécessaires pour intervenir à Yaoundé comme il l’a fait récemment sur la Nationale N°1 sur la section Obala-Nanga Eboko. Tout comme il le fait en ce moment sur la Nationale N°3. En attendant une thérapie de choc indispensable. Ce ministère a restauré sa capacité d’intervention en régie qui avait disparu avec la privatisation de l’entretien routier à la fin des années 90.

 

 

Pour l’efficacité de l’action des villes

Nous attendons des maires la fin des liaisons dangereuses avec le gouvernement. Un syndicalisme responsable qui se déploie sur les pistes amorcées par Augustin Tamba. Il faudrait bien donner un sens à la décentralisation. Les mairies suffoquent sans broncher. Les plus crédibles ont réussi l’exploit d’accumuler seulement 05 mois d’arriérés de salaire.

C’est une culture d’entretien de la pauvreté sur le plan local qui ne sera pas sans effet pour les années à venir si rien n’est fait. Plus de 350 maires du Cameroun sont dans l’impasse sans espoir d’apporter des solutions crédibles pour les services sociaux de base.

Il y a problème. Si elles se gardent d’exercer à fond leur capacité d’initiative en matière de collecte des impôts locaux, les mairies continueront d’être des coquilles vides malgré la décentralisation. La centralisation à outrance des ressources de l’Etat pose problème et sera un frein à l’essor des CTD.

 

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Des allocations financières telles que prévues dans les textes feront toujours face à la réalité des faits : tant que l’État éprouve lui même des difficultés à résoudre ses problèmes, ces allocations seraient toujours contingentées ou alors leur parviendront toujours tardivement.

 

 

Sortir de l’état d’urgence permanent

Face aux ressources rares, les CTD gagneraient à faire recours aux solutions innovantes notamment dans le cadre du recyclage des ordures qui, ici comme ailleurs dans le monde restent un casse tête. Le cas de la ville de Dschang dans la région de l’ouest peut inspirer plus d’un.

Face à l’Etat qui ne veut rien lâcher les CTD (communes et régions) doivent être des fours générateurs d’idées neuves par leur prise de participation aux activités économiques susceptibles de générer des fonds. Il y va de leur survie.

L’aménagement des contours institutionnels, s’il n’existe pas encore, peut être une des priorités pressantes.

 

Une correspondance Robert  ONANA

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