Catastrophe au Cameroun : L’éboulement de Mbankolo fait des morts pour rien

 

►Les autorités restées sourdes aux multiples alertes, l’éboulement du quartier Mbankolo à Yaoundé ne pouvait que faire des morts pour rien.

 

Opérations de fouille 09.10.2023 – Crédit photos : Afrique54 /Eugène MESSINA

 

 

Yaoundé, Afrique54.net |  Dimanche 08 octobre 2023 vers 19h, une énième catastrophe a frappé la ville de Yaoundé. Selon un bilan provisoire, on enregistre une trentaine de morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels. Dans l’arrondissement de Yaoundé 2, lieu-dit Mbankolo Chefferie où s’est produit le drame, la rupture d’une digue sous une pluie diluvienne a plongé nombre de familles dans la tristesse et la désolation.

 

Les eaux pluviales ont provoqué un glissement de terrain, détruisant et emportant plus de vingt-cinq habitations pour la plupart de fortune construites sur les flancs du Mont Mbankolo. Le balai des autorités sur le site de la catastrophe a laissé voir une machine gouvernementale en panne, réduite à réagir sur le tard, n’ayant pris aucune mesure pour empêcher ce qui est arrivé.

 

 

Le gouvernement camerounais aux abois

« Ces maisons ont été construites dans une zone dangereuse », a lancé Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration Territoriale, au milieu des décombres, s’empressant d’annoncer l’aide du Président Biya aux sinistrés. Son homologue de l’Habitat et du Développement Urbain est aussi monté au créneau. « On a occupé le lit de l’eau. Il faut libérer les zones non constructibles afin de sauver les populations. Si rien n’est fait, d’ici quelques jours, nous allons encore vivre un autre drame », a prévenu Célestine Ketcha Courtes, visiblement choquée.

 

A la lumière de ces deux réactions, on peut dire que les pouvoirs publics sont à la remorque. Le gouvernement n’ayant pas pris ses responsabilités. Les signes précurseurs du glissement de terrain à Mbankolo ont été perçus depuis longtemps.

 

Le 30 octobre 2019, Jean Robert Fouda a fait un post aux allures prophétiques sur son compte Facebook. « Alerte rouge au pied du Mont Mbankolo à Yaoundé. Bientôt, si aucune mesure n’est prise, le Cameroun va pleurer d’autres morts. Un éboulement géant peut survenir à n’importe quel moment. Il faut absolument que les autorités fassent quelque chose », s’est alarmé le journaliste. Malheureusement, cette publication n’a pas tiré le gouvernement camerounais de son sommeil.

 

 

Négligence des pouvoirs publics

 Au fil des années, Mbankolo, zone réputée non constructible dans la capitale camerounaise a été prise d’assaut. Cet espace a été colonisé et transformé en lieu d’habitation. Si la population est en partie responsable du malheur dont elle est victime, les autorités publiques le sont doublement.

La tragédie de Mbankolo s’est dessinée sous le regard indifférent des autorités à diverses échelles, partant de la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 2, jusqu’au Ministère de l’Administration Territoriale, en passant par le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain, la Mairie de la Ville de Yaoundé et les services du Gouverneur de la Région du Centre.

 

La vétusté de la digue a également concouru à la survenue du drame de Mbankolo. Construite depuis plus de 100 ans, elle devait domestiquer l’eau issue des hauteurs du Mont Mbankolo. A l’époque allemande, cette eau était traitée et distribuée dans la ville de Yaoundé.

Après le départ des Allemands, la retenue a été transformée en étang piscicole. Les riverains ont bouché certaines issues qui servaient de voies d’évacuation pour réguler le volume d’eau dans la retenue. La digue n’était pas sous surveillance. Elle n’a pas bénéficié du moindre entretien en plus d’un siècle d’existence.

 

 

© Afrique54.net |  Eugène Messina

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