Violences sexuelles au Cameroun : L’action des femmes  pour “Halte au viol” peut guérir les blessures

 

► La plateforme de la Convention Nationale a organisé une activité le 14 février 2023 à Yaoundé, au cours de laquelle on a mesuré l’impact des violences sexuelles au Cameroun. ◄

 

 

Afrique54.net | En dépit d’une résolution des Nations Unies de mettre en place au sein de chaque Etat des mesures importantes pour protéger les femmes du viol et des violences sexuelles, les victimes restent nombreuses au pays d’Amélie James Kobela, notamment dans les zones de crise.

Derrière le visage innocent et inconscient de cette jeune fille qui au moment des faits avait 12 ans, se cache en réalité une adolescence perturbée, aux rêves brisés. Les yeux larmoyants lorsqu’elle raconte 02 ans plus tard ce qui lui est arrivé, témoigne du traumatisme subi. Comme cette jeune, que nous avons choisi d’appeler Awa et qui a bien voulu livrer son témoignage sous anonymat, plusieurs jeunes filles sont victimes d’atrocités de toutes sortes, susceptibles de bousculer la conscience collective.

« Nous étions dans notre village, un groupe armé est arrivée. Ils ont pris toute ma famille et nous ont conduits en brousse. Là bas, ils ont demandé à mon père de me donner en mariage, et mon père a dit que j’étais encore très jeune. Pour forcer mon père à accepter, ils ont cassé son bras et ont promis de le torturer avant de le tuer, et tuer ma mère. J’ai dit à mon père de laisser que je vais accepter d’aller en mariage, » nous a confié Awa, jeune fille, originaire de la région de l’Extrême-Nord.

Comme Awa, elles sont nombreuses à avoir essuyé l’horreur du traumatisme des violences sexuelles, notamment dans ces territoires ‘’crisogènes’’ où la déshumanisation a fait son lit. Comme en témoigne la suite du récit d’Awa. « Le chef du groupe qui m’avait pris en mariage, a commencé à entretenir des rapports sexuels de force avec moi. Et chaque fois qu’il voulait avoir des rapports sexuels avec moi et que je refusais, il me frappait, avant de me violer. »

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Exacerbée de subir ces violence après plusieurs semaines, Awa a décidé d’échapper à ses bourreaux qui la tenaient avec plusieurs autres en captivité. « Un matin, j’ai préparé un plan et je me suis échappé dans la brousse. Après avoir longtemps marché dans la brousse, j’ai rencontré des militaires. Lorsqu’ils m’ont vu ils m’ont demandé si je ne portais pas des explosifs, je leur ai dit que je ne portais rien. Je me suis mise à pleurer, ils m’ont fouillée et demandé où était ma famille, j’ai répondu que je ne savais pas. C’est ainsi qu’ils m’ont amené à Mora, puis à Maroua auprès du chef des déplacés, » explose-t-elle.

Les cris et pleurs de la jeune Awa ont agi comme un poignard dans les cœurs des femmes. Mobilisées autour d’une plateforme tripartite, pour construire la paix, dans l’esprit de la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit, encore appelée “Halte au viol”. La plateforme vise l’encadrement des victimes de violences sexuelles en temps de conflit. Elle milite en faveur de leur prévention et éradication.

L’article premier de la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes proclame que, les termes “violence à l’égard des femmes” désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.

Plus précisément, la plateforme  des associations féminines réunies dans le cadre de la Convention Nationale  soutient et accompagne les jeunes filles anciennement victimes de viol et violences sexuelles afin de réduire leurs vulnérabilités et d’améliorer leur sécurité de manière générale, en appliquant des approches centrées sur l’humain et la prévention. Et permettre à la femme en général d’être un moteur de construction de la la paix, dans un environnement où la violence dans certaines zones y compris dans les réseaux sociaux semble avoir fait son lit.

 

© Afrique54.net | Thierry Eba , depuis Yaoundé

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