►Depuis qu’il préside aux commandes du Ministre de l’Eau et de l’Energie (MINEE), Gaston Eloundou Essomba allie compétence et enthousiasme pour remplir sa mission.

► Portrait  d’une « turbine » en quête permanente de l’eau et du courant pour tous au Cameroun.

 

 

La Voix Des Décideurs  – «Des Camerounais ne boivent plus l’eau qui coule des robinets. Si certains se sont dotés du filtre à eau, d’autres ont défini un budget mensuel pour l’achat des palettes d’eau minérale. Ils n’ont pas une électricité de qualité. Ils se démènent dans le désarroi le plus absurde ». Ces phrases trônent sur la page Facebook d’un activiste camerounais depuis le 3 mars 2018 ; au lendemain de la nomination de Gaston Eloundou Essomba (55 ans depuis le 8 octobre 2022) au poste de ministre de l’Eau et de l’Énergie (MINEE).

Cinq ans plus tard, proposer une lecture nouvelle de ces phrases (écrites dans un contexte particulier) et en dégager des significations fortes, voilà qui engage la plume vers deux sujets autrement plus sensibles et hautement polémiques que sont la fourniture d’une eau et une électricité de qualité aux citoyens.

Confiance

En lui confiant le portefeuille de MINEE, Paul Biya témoignait d’un renouvellement profond du style de gestion d’un ministère régulièrement placé sous les feux des projecteurs de l’actualité nationale à cause du manque d’eau et d’électricité dans les ménages. Gaston Eloundou Essomba a vite compris le président de la République en bousculant  les codes d’une institution publique engoncé depuis des lustres dans un protocole incertain. Et l’on avait alors pensé que dans sa volonté d’aller vite et de multiplier les chantiers, le fils d’Akono (Mefou-et-Akono) allait se fourvoyer.

En bref, il a fallu quelques mois à Gaston Eloundou Essomba pour comprendre que, dans sa situation de MINEE, il valait mieux avoir l’opinion publique dans sa poche que de la combattre. Il a donc choisi de fixer sa priorité entre deux problèmes : l’améliorer de l’offre en eau et en électricité et l’impératif de garantir l’approvisionnement continu du marché local en quantité et en qualité des produits pétroliers raffinés après l’incendie ayant provoqué l’arrêt de la production de la Sonara.

Baraqua

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le chantier est titanesque. L’exceptionnelle énergie qui semble animer Gaston Eloundou Essomba peut laisser espérer, sur ce dossier comme sur tant d’autres, que le pari sera réussi. Les mots qu’il prononce  avec une franchise revendiquée devant l’Assemblée Nationale en 2019 finissent par convaincre les députés de sa bonne connaissance des dossiers. Cela aboutit à une augmentation de 23 milliards F Cfa sur l’enveloppe budgétaire du MINEE. La même année, l’on assiste progressivement à la stabilisation des réseaux électriques grâce au gros œil de Gaston Eloundou Essomba sur la mise sous tension des barrages hydro-électriques de Memve’ele et Mekin, construits dans la région du Sud.

Last but not the least, il ne cesse de mettre la pression sur Electricity Development Corporation (EDC) et à son partenaire chinois CAMC Engineering, pour que l’usine de pied du barrage de Lom Pangar, d’une capacité de 30 MW et dont le coût des travaux s’élève 30 milliards Fcfa, soit livrée au plus vite.

 

A la tête d’une mission avec les directeurs généraux de Edc, Théodore Nsangou, d’Eneo Cameroon, Joël Nana Kontchou, de la Cameroon Water Utilities (Camwater), Gervais Bolenga et de plusieurs experts de son département ministériel, Gaston Eloundou Essomba séjourne début mai 2019 dans la région de l’Adamaoua, pour dresser un état des lieux du niveau de dégradation du barrage hydroélectrique de Lagdo, en vue de sa réhabilitation immédiate.

Entre temps, il suit également les projets de construction ou de réhabilitation des barrages de Bini à Warak (75 Mw), de Makay (400 Mw) et Menchum (75 Mw) ainsi que l’amélioration des volumes des stations de pompage d’eau d’Akomnyada (à Mbalmayo) et de la Mefou (Nkolbisson,  à Yaoundé). On ne saurait oublier des opérations coup de poing réalisées sur le terrain du carburant frelaté comme en septembre 2019 dans une station-service à Dibamba (région du Littoral).

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À divers niveaux, tout se passe médiatiquement comme si Gaston Eloundou Essomba, par la seule force de ses convictions, parvient à trouver, à chaque fois, une solution consensuelle sur un sujet controversé et bien d’autres susceptibles de faire  naître la polémique, des critiques et des inquiétudes dans les médias et l’opinion. Et si la diffusion d’une annonce nouvelle « à chaud » peut paraître plus facile à « vendre » dans les médias, l’ancien patron de la Société Camerounaise de Dépôts Pétroliers (SCDP) sait que l’information sur l’action gouvernementale en matière de gestion des problèmes d’eau et d’électricité  est un tremplin pour lui. Généralement, Gaston Eloundou Essomba joue à plein et prend toujours de court les journalistes, dont les commentaires immédiats ne peuvent être que descriptifs.

Au total, ses déclarations  sont globalement bien reçues. Dans ce contexte, le MINEE parvient à susciter l’intérêt par son champ de compétences mais aussi en créant régulièrement l’événement. À un moment, quelques enquêtes d’opinion signalent une amélioration des jugements sur l’action gouvernementale en matière de lutte contre les délestages et les coupures d’eau dans les ménages. Il semble pertinent de dire que deux ingrédients lui sont indispensables pour mener à bien toute action publique : maximiser l’impact médiatique d’une annonce, et s’assurer de bonnes conditions de réception de cette annonce par l’opinion.  À ce double exercice, Gaston Eloundou Essomba adjoint sa connaissance de l’opinion en vue d’anticiper ses réactions et préparer le terrain et déminer les critiques.

Sur le plan politique

Pr Daniel Anicet Noah apprécie « l’habileté du communicant Gaston Eloundou Essomba ». Et l’intéressé le confirme pendant la campagne présidentielle de 2018. Partout dans sa Mefou-et-Akono natale, il prend appui sur le socle de légitimité acquise au MINEE pour s’emparer de plusieurs thématiques lui permettant de « casser les tabous », sans que sa capacité à mettre en œuvre ses promesses ne soit mise en doute. Dans le contexte électoral, il sait que l’épanouissement de la « machinerie communicationnelle » est souvent monté en épingle par la presse qui s’est assez souvent appesantie sur les lacunes et hésitations du RDPC sur le terrain. Cet effet de miroir exercé par la presse donnait certes l’image d’une équipe Gaston Eloundou Essomba plus dangereuse car plus tentée par le marketing, mais aussi plus organisée, et, de quelque façon, plus crédible.

 

© La Voix Des Décideurs  ► Yolande Angoula

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