Cameroun : Les « microbes » sèment la panique à Douala face à une « vigilance maximale » prescrite par Paul Biya

►Haïs et craints, ces jeunes criminels des quartiers pauvres de la capitale économique du Cameroun, Douala, arpentent depuis plusieurs jours les rues et prennent d’assaut boutiques, magasins et campus.◄

 

 

 

Afrique54.net – Les microbes sont armés de gourdins et de machettes. Ils dépouillent hommes, femmes et enfants. Le phénomène qui n’est pas nouveau au Cameroun. Il refait surface au lendemain de la prescription d’une “vigilance maximale” par le Chef de l’Etat  lors de la réunion de l’évaluation sécuritaire du 05 décembre 2022  présidée par le  Ministre camerounais  en charge de la Défense. Le Ministre Joseph Beti Assomo est monté au créneau pour rassurer les populations sur les mesures sécuritaires durant la période des fêtes de fin d’année.

Origine des microbes

Avec la crise socio-politique dans les régions d’expression anglaise qui a éclaté en 2016, la sécurité est mise à mal au Cameroun. Les mouvements migratoires qui ont entraîné les déplacements de plusieurs milliers de personnes dans le pays, complique davantage la tache aux Forces de Sécurité.

L’exaspération des populations à l’égard de ces délinquants s’accentue au fil des jours. Un chef « microbe » a été arrêté et torturé il y a quelques temps, après d’autres lynchages populaires. Ce qui a fait monter la colère chez les microbes. Au final, ils ont décidé de contre attaquer.

Le phénomène des microbes remonte en 2011, à la fin de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. On aperçoit des enfants, essentiellement âgés de huit à dix-sept ans dans les rues d’Abidjan. Ils agressent, volent, terrorisent et tuent leurs victimes. Ils agissent en groupe. Le plus souvent sous l’emprise de la drogue. Le phénomène est observé à ABOBO, un quartier d’Abidjan avant de se propager aux autres quartiers de la ville. Ces « microbes », exclusivement issus des milieux défavorisés d’Abidjan, sont des mineurs déscolarisés ou analphabètes, désœuvrés, déshérités ou abandonnés par leurs parents.

L’existence d’un cadre juridique

Le Cameroun s’est doté de mesures nationales pour la protection de l’enfance. Notamment, la Charte Africaine des Droits de l’Enfant, le Code de la famille et a ratifié plusieurs textes internationaux. La Convention relative aux droits de l’enfant et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, afin d’assurer la protection de l’enfant. Mais malgré ces dispositions légales nationales et internationales, la situation de l’enfant au Cameroun continue de subir d’importantes dégradations. La croissance du phénomène des enfants « microbes » l’atteste.

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Cinq ministères sont actuellement impliqués dans la lutte contre cette forme de délinquance juvénile. Mais il est difficile pour ces ministères engagés dans la même cause, d’identifier sous la même dénomination ce profil d’enfants, ce qui est de nature à provoquer une incohérence et une inefficacité des actions engagées.

En effet, pour le ministère de la promotion de la femme et de la famille, l’enfant « microbe » est un enfant en difficulté. Pour le ministère de l’éducation de base et des enseignements secondaires, c’est « un enfant en danger ». Pour le ministère des affaires sociales, c’est « un enfant en voie de radicalisation ». Pour le ministère de la justice, c’est « un enfant en conflit avec la loi ». Pour le ministère de la formation professionnelle, c’est « un enfant dangereux ».

 

 

La vie chère en toile de fond

 « Pendant que nous devons lutter contre cet état de chose, on feint semblant d’oublier que les prix des denrées de première nécessité dans nos villes sont passés du simple au double et les salaires ne suivent pas. L’huile, la farine, le sucre, le poison, la viande y compris les tubercules comme le manioc, le macabo, le plantain. Combien de familles camerounaises peuvent encore avoir deux repas par jour ? C’est grave ce qui se passe, » confie l’étudiante Abigäelle. Plusieurs observateurs pointent du doigt, la pauvreté et la vie chère dans le pays.

La répression policière ne saurait empêcher la montée de la délinquance juvénile. Au contraire, elle la nourrit. Malgré la politique répressive, les groupes d’enfants « microbes » se multiplient dans la ville de Douala et se radicalisent. Certains enfants « microbes », aussitôt capturés, ressortent plus déterminés et plus violents. Comme le rappelle Gérard Mauger : « On sait que la menace pénale renforce la solidarité du groupe délinquant et l’emprisonnement encourage son passage de la délinquance occasionnelle à la délinquance professionnelle. »

A côté de cette analyse, Charly KENGNE, stratège  camerounais, étale plusieurs propositions face à ce fléau social.

 

© Afrique54.net |Thierry Eba, depuis Yaoundé

 

 

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