Inflation au Cameroun : La banane douce , un luxe dans la ville de Douala [ Reportage]

Dans la région du Littoral, notamment dans la capitale économique du Cameroun Douala, la banane douce est désormais un luxe.  Le prix fait peur et il faut désormais avoir 200 francs Cfa soit 0,3 € pour s’offrir 3 à 4 petits doigts de banane. Voici les raisons et les chiffres clé sur les exportations de bananes du pays qui connaissent une augmentation.

 

 

Afrique54.net – «Combien coûte ta banane?…3 à 100 F CFA les plus petits doigts. 4 à 200 F CFA les moyens. Et 3 à 200 F CFA soit 0,3 € les gros doigts… Waouh! Donc 1 doigt à 50 F CFA? Oui mon frère. Il n’est pas facile d’en trouver dans les champs». C’est le refrain entendu presque toujours lorsqu’on se trouve en face d’une commerçante.

Au marché Ndogpassi, l’un des quartiers de la ville, dans des plateaux, les revendeurs font désormais des tas de 3, 4 et 6 doigts. Ceci pour ne plus être gêné par les questionnements des clients. Aussi, cela les permet d’avoir plus de bénéfices.

«Nous sommes heurtés de partout par l’inflation des prix. Nous n’avons pas le choix. On vend ainsi parce qu’on acheté aussi cher. Les régimes que l’on achetait à 1000f, 2000fcfa, aujourd’hui il coûte au minimum 2500 à 3000 F CFA », précise Delphine Tadjo, revendeurs.

« Je suis fournisseur et le marché est dur actuellement. Non seulement les routes dans les zones rurales ne sont pas bonnes. Mais aussi, dans les plantations et chez les petits cultivateurs, le prix n’est plus abordable. Moi je vais chercher la banane dans le Sud – ouest du pays, dans la localité de Tiko et à l’Ouest, au village Bandounga. Imaginez donc la distance et l’état des routesC’est ce qui fait que je revends ici à 2700f le plus petit régime», explique Bamba Babam, transporteur. Tout comme lui, ses collègues du secteur banane passent la même information.

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Si dans ce marché la banane coûte désormais plus chère qu’avant, c’est le même constat dans le reste de la ville. Pire encore dans les quartiers comme Bonamoussadi, Koto, Akwa, Bonopriso…Dans ces zones de la ville la capitale économique du Cameroun, la banane est désormais un luxe. Difficile de trouver 4 bons doigts à 200 F Cfa. Les habitants sont habitués à 3 doigts à 200fcfa.

Une inflation commune

Il faut noter, que dans presque toutes les villes du Cameroun, l’aliment jaune prisé n’est plus à la portée de tous. Pire encore dans les zones septentrionales, où les populations se retrouvent à acheter 1 doigt à 75 FCFA et plus.

Si pour les populations le fruit se vend cher et à leur détriment, pour le gouvernement, le marché est désormais bénéfique. Car, le Cameroun est désormais premier producteur en Afrique-Caraïbe et 5e dans le monde. Une place qu’il le doit à son exportation et à sa qualité de production.

Les bons chiffres

Selon des informations du Ministère du Commerce du Cameroun et du site Business in Cameroun, les exportations de bananes du pays ont augmenté de 27,8 % en glissement annuel à la fin du mois de mai.

Au total, 16 505 tonnes de fruits ont été vendues sur le marché international au cours de cette période. Le leader du marché, Plantations du Haut Penja (PHP), a expédié 13 623 tonnes de bananes en mai 2022, soit une hausse de 27,41 % contre 9 888 tonnes en mai 2021.

Notons qu’au mois de juin, le deuxième exportateur, la société publique Cameroon Development Corporation (CDC), enregistrait une hausse de 37,8 % avec 1 805 tonnes vendues en mai 2022, contre 1 121 tonnes en mai 2021. L’acteur mineur Boh Plantations Plc (BPL) a suivi la même tendance, en vendant 179 tonnes de plus entre les deux périodes (1 077 tonnes contre 898 tonnes). Cela représente une augmentation de 16,6 %.

La négligence du Mincommerce

« Le pays fait face à une inflation qui s’explique par la négligence des acteurs commerciaux. Surtout les institutions en charge du commerce, telle que le Ministère camerounais du Commerce. Lorsqu’il y a une hausse des prix, les responsables en charge du contrôle et de la vérification des denrées, font des tours sur les marchés sans poursuivre la surveillance pendant une bonne période. Chacun est libre au pays d’augmenter comme il veut. Le Ministère du Commerce, se doit de fermer les boutiques, de saisir les marchandises des récalcitrants. Ceci pour régulariser les prix. On ne sait même plus aujourd’hui quel est le vrai prix de la banane, de l’huile et autre sur nos étalages. Que la paresse et la négligence des acteurs gouvernementaux cesses», affirme Ornella B. , ingénieur en agroéconomie et chercheur en stratégie commerciale à l’Université de Douala.

 

 

© Afrique54.net │ Joël Godjé Mana, depuis Douala

 

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