Interview Exclusive : La Reine mère de Bonendalè II réclame le poste de Premier Ministre pour les femmes au Cameroun

Sa Majesté Jacqueline IKOLLO-NDOUMBE II, Présidente Mondial de l’Organisation Internationale pour l’Avancement Politique des Africaines (OIAPA) pense qu’il est temps qu’une femme occupe le poste de premier Ministre au Cameroun puisque elles représentent plus de 52% de la population du pays. Cet appel lancé à Yaoundé lors de l’installation des membres du Bureau de l’OIAPA Cameroun à Yaoundé il y a quelques semaines, a été réitéré dans une interview accordée à Afrique-54.com et La Voix Des Décideurs.

 

 

Sa Majesté Jacqueline IKOLLO-NDOUMBE II, nouvelle figure de la promotion du leadership féminin en Afrique qui avance que « L’OIAPA ne s’ingère pas dans la politique interne des pays africains », fait une analyse froide de la situation de la gent féminine en Afrique et surtout au Cameroun avant de se prononcer sur les destitutions de Dilma Rousseff au Brésil et de Park Geun Hye en Corée du Sud.

Bonjour Sa Majesté et Bonne fête de femmes ! Merci de nous accorder cet entretien au lendemain du 8 Mars 2018. D’entrée de jeu, et pour nos lecteurs, qui est Sa Majesté la reine Jacqueline IKOLLO-NDOUMBE ?

Permettez-moi de me présenter. Je suis Sa Majesté la reine Ikollo Jacqueline, la Reine mère de Bonendalè II au Cameroun, géologue en exploration minière et conseiller financier de formation, épouse de Sa Majesté le chef de Bonendalè II, le Dr Ikollo Ndoumbè, Professeur des universités.

Cadre chez Géomex International,  London Life et Greatwest au Canada, Administrateur des hommes d’affaires Africains en Amérique du nord, jusqu’en 1999. Je m’intéresse depuis plusieurs années à promouvoir la présence de plus de femmes africaines en politique active et au renforcement du leadership féminin.

Après avoir initié et concrétisé plusieurs projets de développement au Cameroun, à savoir le  parrainage des forages, l’implantation des bibliothèques et autres,  j’ai opté d’aider les femmes à  rendre leur destin en main.

Vous êtes Présidente Mondial de l’Organisation Internationale pour l’Avancement Politique des Africaines ( OIAPA), qui est une organisation dans l’émancipation de la femme Africaine. Pourquoi, l’idée de création de l’AIOPA ?

L’OIAPA a été créée par les femmes inspirées par moi, de retour en Afrique, j’ai eu à leur faire part du fait que les femmes africaines, même en représentant plus de 50% de la population, et ayant un degré d’instruction élevé, ont encore du mal à s’imposer dans leur société.

Alors que la participation équitable des femmes à la vie politique et au gouvernement est indispensable dans toute société démocratique, ONU Femmes, le NDI et d’autres organisations internationales vouées à l’avancement des femmes africaines ont amplement documenté la faible présence des femmes dans les parlements africains et au niveau exécutif, sauf dans certains pays qui ont démontré un réel leadership en ce sens.

Jusqu’alors les femmes dans plusieurs pays africains n’occupent que des postes réservés aux femmes, les postes régaliens à savoir premier ministre et autres ministres d’état ne sont réservés qu’aux hommes, comme si une femme ne pouvait  exercer ces fonctions.

Il est vrai que les femmes elles-mêmes aussi envoient un signal négatif quant à leur capacité à faire face à ce genre de responsabilité.

Face à ce malheureux constat, nous avons estimé que pour réussir le pari de lever ce plafond de verre, il est essentiel de renforcer le leadership des femmes, afin qu’elles puissent avoir confiance en elles. Voilà pourquoi j’ai co-fondé l’OIAPA,  selon la loi Canadienne sur les organismes à but non lucratif, avec l’aide de Mme Lise Bourgault ex Député-Maire et femme d’affaires au Canada.

L’association est enregistrée sous le numéro 854880-3 à Industrie Canada, accréditée par Google ‘’osbl’’.

Pouvez-vous nous présenter cette organisation (missions, objectif(s) et méthodes) ?

Notre organisation vise à recruter et former des femmes africaines qui souhaitent s’impliquer en politique mais ne savent pas comment le faire, en organisant des sessions de formations dans leurs pays respectifs.

Faire accréditer l’OIAPA et ses membres fondateurs à titre d’observateurs internationaux lors des élections en Afrique. Notre objectif est de former adéquatement les femmes africaines au processus électoral, qui comme vous le savez, peut s’avérer complexe dans plusieurs pays africains.

Pour cela nous organisons sur invitation, des séminaires sur le droit et le leadership des femmes dans les pays africains qui nous sollicitent.

Que représente pour vous la Journée Internationale de la Femme et quels commentaires faites-vous du thème de la  33e  édition à savoir « Intensifier la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes, renforcer le partenariat pour le développement durable » ?

La Journée Internationale de la Femme représente à mon humble avis, une journée commémorative, du parcours réalisé, des acquis obtenus  et la mise en place des stratégies futures.

 

 

Le thème de la 33ème édition résume toute la complexité de la problématique, ce qui nous révèle que nous avons encore du pain sur la planche, mais il y a de l’espoir.

Comment-avez-vous célébré ce 08 mars 2018 ?

Pour être franche, le 08 Mars n’est pas une journée de célébration pour moi, c’est plutôt une journée de réflexion. Je pense personnellement que lors de cette journée, les femmes doivent se rassembler afin de dresser le  bilan de leur parcours, organiser des tables rondes et réfléchir sur leurs avenirs.

L’OIAPA œuvre pour la promotion des femmes Africaines en politique. Votre organisation s’ingère-t-elle dans les affaires politiques des Etats africains ?

Je pense que j’ai été claire lors de l’installation du bureau de la représentation de l’OIAPA au Cameroun. L’OIAPA ne s’ingère pas dans la politique interne des pays africains, car chaque pays est un Etat souverain. Nous avons une représentation dans plusieurs pays africains, et notre devise est de respecter les us et coutumes de chaque pays.

Quel est son niveau d’implantation en Afrique ?

L’OIAPA est représenté actuellement dans sept pays Africains, à savoir le Cameroun, le Bénin, la RDC, le Niger, la Tunisie, le Sénégal et le Nigéria.

Le 05 Mars 2018, vous avez procédé à l’installation de près d’une quinzaine de membres du Bureau de l’OIAPA Cameroun à Yaoundé en  présence des leaders des réseaux de femmes constitués de plusieurs centaines d’associations. Quels sont leurs défis ? Et qu’attendez-vous exactement de ce nouveau bureau ?

Effectivement, le 05 Mars 2018, j’ai procédé à l’installation du bureau de l’OIAPA à Yaoundé,  en présence des leaders des réseaux de femmes constitués de plusieurs associations (RAFRO) dont la présidente est Mme Yossa Maria.

Je puis vous dire avant tout que j’ai été impressionnée par l’expérience, le sens de l’organisation et du savoir-faire de ce groupe de femmes et d’hommes, que je félicite ici même par le billet de vos médias.

En ce qui concerne les défis, ils sont énormes mais réalisables vu la qualité des personnalités en place. L’équipe est déjà au travail, de ce bureau nous attendons une franche collaboration pour la réalisation des projets communs dans tous les domaines, l’agriculture, la politique le développement durable etc.

Madame la Présidente, voici déjà 33 ans que les Femmes Africaines font entendre leur voix pour revendiquer leurs droits. Elles veulent être mieux intégrées ou s’imposer dans les sphères décisionnelles. Les choses ont-elles avancé ou reculé à votre avis ?

Il est vrai qu’il y a des avancées, même comme elles sont timides. Cette timidité est surtout le fruit du manque de stratégie et du grand défaut de la gent féminine qui est la jalousie. Sans cette mauvaise manie entre les femmes, le progrès serait beaucoup plus palpable.

 

 

Comment imaginez- vous,  que les femmes représentants plus de 52% de la population dans presque tous les pays africains, n’arrivent pas à faire élire des femmes à la magistrature suprême,  ou simplement exiger du gouvernement en place la nomination d’une femme comme premier ministre en notant que cette dernière soit compétente, ou à défaut choisir un candidat qui accède à leurs revendications afin de changer leurs conditions?

Vous devez alors comprendre que les femmes sont elles-mêmes la source de leurs déboires. Je veux alors dire que l’avancement se fera lorsque les femmes intègreront la notion de la solidarité féminine dans leur vocabulaire.

La Reine-Mère de BONENDALE II, Sa Majesté Jacqueline IKOLLO-NDOUMBE va de pays en pays. Que cherche-t-elle ?

Vous savez, je voyage très peu par plaisir, la majorité de temps c’est pour renforcer mes connaissances et m’imprégner des expériences qui peuvent être utiles pour mon pays. Dès mon retour dans mon pays natal, j’ai entrepris de parcourir le Cameroun profond pour aller  à la rencontre de mon peuple, toucher du doigt les réalités de mon pays, avec toutes les diversités en place. Très tôt j’ai compris que pour vivre ensemble, il faut apprendre à se connaître et non se cantonner sur des préjugés qui s’avèrent souvent néfastes au progrès.

»» LIRE AUSSI : « L’objectif de l’OIAPA est de ramener la femme africaine du menu à la table des décisions »

 

En faisant une approche comparative en matière de l’implication de la femme dans les cercles de pouvoir en Afrique, pensez-vous que les avancées sont plus enregistrées dans les pays francophones que anglophones ou c’est le contraire ?

Sans aucun doute, les pays anglophones ont une longueur d’avance sur les pays francophones. La preuve la première femme à briguer la magistrature suprême en Afrique est anglophone.

Et quel regard portez-vous sur le cas du Cameroun ?

Le Cameroun avance à pas de tortue, il est vrai qu’il y a eu quelques avancées mais il reste beaucoup à faire.

Qu’est-ce que, vous, en tant que femme africaine aimeriez voir changer ?

Comme je disais, il est  tant que les femmes africaines puissent prendre leur destin en main, ne plus être des suiveuses mais plutôt des leaders.

On ne pourra mettre fin à interview sans évoquer les cas brésilien et sud-coréen. Comment avez-vous accueilli les évictions de Dilma Rousseff et de Park Geun Hye, deux femmes cheffes d’Etat destituées pour corruption ?

Dilma Rousseff et de Park Geun Hye  « sont victimes toutes les deux des coups d’Etat constitutionnels »

A mon avis, ces femmes sont victimes toutes les deux des coups d’Etat constitutionnels.  Même sans rentrer dans la politique interne de ces deux pays, nous pouvons constater que plusieurs chefs d’État corrompus sont toujours en poste évidemment parce qu’ils sont des hommes, si la corruption était le seul critère disqualifiant, il y aurait vacance de pouvoir dans plusieurs pays africains mais hélas.

Je pense que la femme, du fait même que le poste soit réservé à l’homme, doit faire doublement attention et ne rien laisser qui puisse entacher sa fonction.

Je vous remercie.

 

Après l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb, l’OIAPA installe sa Représentation permanente au Cameroun

Tel: +237 680812242
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