La profession a-t-elle abandonné à son sort Amadou Vamoulke ?

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Poursuivi pour détournement de près de 600 millions FCFA, l’ex-directeur général de la Crtv (média public) a été condamné par le Tribunal criminel spécial, le 21 décembre 2022, à 12 ans de prison. Alors, les accusations selon lesquelles les journalistes camerounais ont lâché l’un des leurs se font à nouveau entendre. Qu’en est-il exactement ? Enquête et propositions.
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Il n’y a pas de fumée sans feu! A l’analyse, le procès ”en indifférence” que l’on fait à la presse camerounaise tire sa source de la sortie tonitruante du Bureau international de  l’Union de la presse francophone sur fond de silence assourdissant de sa section camerounaise.
”Le Bureau international de l’Union de la presse francophone a découvert avec effarement une lettre ouverte signée d’un certain Alain Massé, pour le compte du Comité international pour la réhabilitation et la libération de M. Amadou Vamoulke (CIRLAV) ayant pour : soutien de l’UPF à la cause du journaliste Amadou Vamoulke. Le Bureau international de l’Union de la presse francophone tient à se désolidariser totalement de cette démarche qui vise à se servir de l’agenda international de l’UPF”, assène, dans un communiqué daté du 22 septembre 2019, Madiambal Diagne, président international de l’UPF.
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Pourtant, ce communiqué de l’UPF n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un fort déploiement de la profession en faveur d’Amadou Vamoulke, arrêté en juillet 2016.
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Les hommes de média via, entre autres, Reporter sans Frontières (RSF), une des plus puissantes et des plus crédibles organisations de journalistes, ont fait feu de tout bois pour la libération de l’ancien patron de la rédaction de Cameroon Tribune (quotidien à capitaux publics). Morceaux choisis : ”Près de deux ans après un premier appel resté sans réponse, notre organisation alerte sur le besoin d’intervenir au plus vite en faveur d’une évacuation d’urgence pour motif médical et détaille l’extrême vulnérabilité du journaliste due à ses mauvaises conditions de détention ainsi qu’à sa maladie neurologique grave diagnostiquée en septembre 2019”. ”En ce jour où Amadou Vamoulke passe un nouvel anniversaire en prison, nous demandons à l’ONU d’interpeller l’Etat camerounais pour le libérer avant qu’il ne soit trop tard”.
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Côté action, RSF a saisi le Groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires. Lequel Groupe a condamné ”la privation intentionnelle des soins et annoncé la soumission du cas Vamoulke au Rapporteur spécial sur le droit à la santé en raison de l’urgence de sa situation médicale”. Rien n’y fera !
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Pas en reste, le Comité de soutien d’Amadou Vamoulke a également mouillé le maillot. Peu après le rendu du verdict, son coordinateur, Alain Massé, a dénoncé un procès politique. Une des rares voix a brisé le silence  ayant entouré, dans la profession, la condamnation d’Amadou Vamoulke. Ses avocats, ai-je appris, ont déposé, le 22 décembre 2022, un pourvoi devant la Cour suprême. L’affaire Vamoulke est donc loin de connaître son épilogue.
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Mettons à fin à l’imbroglio

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A l’observation, le cas Vamoulke divise les professionnels des médias. C’est le journaliste ou le gestionnaire qui est jugé ? Pour l’UPF officiel, c’est le gestionnaire. Tandis que pour  RSF, Alain Massé et le Comité de soutien d’Amadou Vamoulke, c’est le journaliste. Il faut mettre fin à cet imbroglio,  afin que la profession parle d’une seule et même voix.
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Par ailleurs, je propose:

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 1/ Que les soutiens ne soient plus à tête chercheuse (le journaliste d’investigation Nestor Nga Etoga, paix à son âme, s’en est plaint et en a souffert dans sa chair, lui qui s’est si souvent retrouvé seul face à ses bourreaux)
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2/ Que certains journalistes cessent par leur attitude à affaiblir les syndicats de  journalistes. Nul n’est, quel que soit son camp aujourd’hui, à l’abri d’une procédure arbitraire.
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3/ Que tous les journalistes actuellement poursuivis, embastillés ou condamnés dans l’exercice de leur métier fassent l’objet d’un soutien large, agissant et républicain de l’ensemble des journalistes, de l’ensemble des syndicats et organisations professionnelles.
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 Il va de soi qu’un journaliste responsable (qui équilibre son plateau, qui vérifie avant de publier une information, qui n’invective pas, etc.) est défendable, avec des chances accrues de succès, face au rouleau compresseur.
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 De tout temps, l’union a toujours fait la force. Ne pas l’oublier est gage d’une profession solidaire, capable de mieux protéger ses membres et de garantir sa liberté d’informer.
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Thierry Djoussi
Président de l’Association des journalistes   camerounais pour l’agriculture et le développement (AJAD)

 

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