Cameroun : Les services d’hygiène et systèmes d’assainissement collectif abandonnés par les communes  à Douala

Depuis 2008, l’une des fonctions régaliennes des mairies camerounaises qui est d’assurer d’hygiène et d’assainissement, a été abandonnée par celles-ci et remis totalement au prestataire Hysacam.

 

La statue de la « Nouvelle Liberté » fait en 1996  par  l’artiste plasticien camerounais, Joseph Francis Sumégné – Source photo ; Wikipekia

 

Afrique54.net│ Douala –  La statue de la « Nouvelle Liberté » fait partie du patrimoine  de la capitale économique camerounaise, Douala. Devenu l’emblème de la ville, ce gigantesque édifice érigé le 21 juillet 1996  par  l’artiste plasticien camerounais, Joseph Francis Sumégné est diversement apprécié.  A côté  des éloges saluant le génie de son créateur, ce monument qui a été surnommé  par les populations « le Djoundjou du rond-point Deido »,  est pour certains observateurs acerbes, « le reflet de l’insalubrité qui dicte sa loi ».

En effet, dans cette ville où les bacs à ordure ne sont qu’entretenus par la société Hysacam,  eaux stagnantes dans les rues de Ndokoti, rivières et eaux ruisselantes garnies des déchets salubres dans les quartiers New-Bell, Village, Logbaba, Dopbassi, Bonamoussadi, Dogbom et plein d’autres sans traitement semblent leur donner raison à ce sujet.

A Bonaberi, Douala 4e, la gare, le marché et la plupart des lieux publics ne reflète en rien un quartier d’une métropole comme Douala. En effet, on ne voit que l’action des communes lorsqu’il s’agit de boucher certains nids de poule, passer dans les marchés pour s’enquérir de certaines taxes, ou faire un contrôle de transport routier. Mais est-ce là le seul rôle des communes ?

« De nos jours, les maires,  ne  traitent plus du cadre de vie, c’est-à-dire l’environnement. Ils oublient d’installer des puisards pour le maintien des puits, peinent à faire du reboisement, abandonnent la lutte contre l’insalubrité, abandonnent le ramassage des ordures à Hysacam…», dénonce Jean-Marie G, conseiller municipal.

Le rôle des communes

L’Etat Camerounais définit les communes, comme les collectivités territoriales décentralisées de base. Elles sont créées par décret du président de la République. Le décret de création fixe la dénomination, le ressort territorial et le chef-lieu.

Elles ont une mission générale de développement local et d’amélioration du cadre et des conditions de vie de ses habitants. En ce sens, elles s’occupent de la promotion des activités de production agricoles, pastorales, artisanales et piscicoles d’intérêt communal ;la mise en valeur de sites touristiques communaux; la construction, l’équipement, la gestion et l’entretien des marchés, gares routières et abattoirs ;l’organisation d’expositions commerciales locales ;l’appui aux micro-projets générateurs de revenus et d’emplois.

Aujourd’hui, ces collectivités ne mettent plus en exécution ces compétences.

L’observation actuelle

Notons que les quartiers n’ont jamais été aussi sales. Il y a un laisser-faire énorme. Les communes ne s’occupent plus du balayage, or Hysacam prend en charge que les périphériques visibles et les espaces urbains. Cette situation n’est pas seulement l’apanage des populations de la ville de Douala.

 

Une attitude de l’universitaire camerounais  Richard Makon en 2017 dans le cadre d’une campagne numérique #LeCamerounEstDansLaPoubelle  – @ Richard Makon

Dans les villes de Yaoundé, Bafoussam, Garoua et Bamenda, les services d’hygiène et salubrité et systèmes d’assainissement collectif de mairie sont pointés du doigt. Les habitants se plaignent des déjections canines, des papiers gras, des mégots de cigarette, les poubelles de la veille, des déchets en tout genre qui jonchent les trottoirs.

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Pour certains, « doit-on regretter les ouvriers du temps recrutés par les mairies qui inlassablement venaient nettoyer ce que les populations laissaient sur le bitume de la capitale économique ? Et, contrairement aux promesses électorales, les maires élus aux municipaux derniers, ne semblent n’avoir rien amélioré, à part rénover et construire des ronds-points et jardins publics », affirme Serge Mballe, ex-conseiller municipal.

Selon lui, la propreté de nos métropoles est-elle un service public ou un luxe ? Ces déchets, sont-ils la rançon que doivent payer les urbains ou la conséquence des économies que les collectivités locales imposent aux habitants ? Est-ce une fatalité ou des choix sur lesquels il faudra revenir ? En fait, Douala est aujourd’hui dans l’abandon des communes, sur le contrôle en partie de la société Hysacam. Ceci avec des poubelles visibles de partout sans entretien des alentours, des situations choquantes avec des dépotoirs d’ordures dans les coins d’eau.

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« Nous encourageons Hysacam malgré leur relâchement. Mais nous aimerions que les mairies fassent de même en s’organisant pour le reste des coins reculés », souhaite un usager du marché Dakar. « Les maires ont tout abandonné. Ils se préoccupent plus de gagner des marchés de construction, d’organiser des campagnes que d’être sur le terrain et de se soucier du bien-être des populations, leur sécurité et leur épanouissement », précise Ibrahima Djida, agent communal. Pour Adèle Lotefa, « il faut revoir le fonctionnement des communes. Car même les routes et les infrastructures scolaires ne comptent plus trop sur elles ». Entendre cela, on a l’impression que la mairie ne joue plus son rôle.

 

© Afrique54.net │Joël Godjé Mana, depuis Douala

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