Crise malienne : Après le jeu du Gabon Conseil de Sécurité de l’Onu , Alassane Ouattara à Libreville pour remercier Ali Bongo

Au Conseil de Sécurité de l’Onu,  le Gabon,  le Kenya et le Ghana ont soutenu les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest  (Cedeao) contre le peuple malien. Alassane Ouattara s’est rendu Libreville pour remercier Ali Bongo.

 

Le Président de la République, Son Excellence Ali Bongo Ondimba s’est entretenu ce jour en tête-à-tête avec son Homologue, Son Excellence Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire en séjour au Gabon dans le cadre d’une visite de Travail et d’Amitié.
Le Président de la République Ali Bongo Ondimba et son Homologue Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire – ( De la droite vers la gauche) Source photo ; presidence.ga

 

Afrique54.net – Le président ivoirien Alassane Ouattara s’est rendu officiellement au Gabon  le  17 janvier 2022  pour une  étonnante visite d’amitié et de travail. Ce voyage intervient  après le blocage à l’Onu  par Russie et la Chine de la résolution présentée la France qui rejette, comme la Grande-Bretagne et les États-Unis, une transition sur une période de 5 ans au Mali et soutiennent les sanctions décidées unilatéralement par la Cedeao.

Lors de son tête-à-tête avec le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, le président ivoirien Alassane Ouattara a évoqué « les questions relatives au renforcement de la coopération bilatérale, mais également les questions de paix et de sécurité sur le continent africain, ainsi que la lutte contre la pandémie de Covid-19 », nous ont renseigné les autorités ivoiriennes.

Concernant la coopération bilatérale, le communiqué de la présidence ivoirienne parvenu  à la rédaction d’Afrique54.net indique que « les deux Chefs d’Etat se sont réjouis des échanges et de la confiance entre les deux pays, caractérisés, notamment, par la présence de nombreux Ivoiriens au Gabon et de nombreux Gabonais en Côte d’Ivoire dans plusieurs secteurs d’activités et structures internationales. »

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Le même communiqué nous apprend que les deux dirigeants de ces deux pays ont « abordé les questions liées à la sous-région ouest-africaine avec, notamment, la situation au Mali et en Guinée. » Et Alassane Ouattara n’est pas resté sans faire « le point des dernières évolutions dans ces deux pays au Président Ali Bongo, dont le pays est actuellement membre du Conseil de Sécurité de l’ONU. »

Pour certains analystes de la scène  politique internationale, Alassane Ouattara qui est traité par les panafricanistes de « marionnette de la France », s’est rendu à Libreville pour remercier Ali Bongo pour le soutien du Gabon aux sanctions de la Cedeao contre l’Etat malien au Conseil de sécurité de l’Onu.

Le jeu du Gabon au conseil de Sécurité

En réalité, les trois pays africains membres du Conseil  à savoir Ghana, Gabon et Kenya ont manifesté leur soutien aux sanctions de la Cedeao contre le Mali comme la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, tous opposés à une transition sur une période de 5 ans au Mali proposé par le président de la transition Assimi Goita . Ce dernier, jouissant du soutien des Maliens et de la Russie, a déclaré, lors de son  adresse à la nation que « le Mali reste ouvert au dialogue avec la Cedeao » pour trouver un compromis qui réconcilierait les aspirations du peuple malien et respecterait les principes de l’Organisation.

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A l’Onu , le Ghana, le Gabon et le Kenya «  ont également insisté sur un soutien logistique, matériel et financier en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel, dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, en recommandant pour cela la mise en place d’un bureau conjoint et le déploiement d’une brigade d’intervention rapide comme c’est le cas pour certaines missions. »   

Prenant la parole  au nom des A3 (Ghana, Gabon et Kenya), le représentant permanent du Gabon auprès des Nations Unies, Michel Xavier Biang  a dit « reconnaître l’urgente nécessité pour le peuple malien de vivre en sécurité et d’avoir un gouvernement qui le représente. » « La hausse rapide des dépenses militaires dans le contexte d’insécurité a renversé les priorités du Gouvernement » a-t-il reconnu avant de dire déplorer que malgré « l’augmentation de ces dépenses militaires, les exactions des groupes armés n’ont pas baissé. »  Le gabonais Michel Xavier Biang  « a appelé à combler le vide laissé par la fermeture des bases militaires françaises au nord du Mali.»

Michel Xavier Biang a aussi encouragé « le Conseil de sécurité à accueillir favorablement le communiqué final du Sommet de la CEDEAO », « à appuyer la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la région et le Mali ainsi que le gel des avoirs de l’État malien dans les banques régionales de la CEDEAO ».

La Chine pour le respect « la volonté des Maliens »

La Chine demande à la communauté internationale d’« appuyer les recommandations des Assises nationales de l’an dernier ».  Au CS, DAI BING le représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies  exige que toute feuille de route  respecte la volonté des Maliens.


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Cette position de la Chine ne s’oppose pas à celle de la Russie. Vassily A. Nebenzia, représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies) a déclaré que « l’obligation de restituer l’ordre constitutionnel doit être mis en œuvre en tenant compte des réalités sur le terrain, lesquelles ont leur logique propre et nécessitent la mise en place de certains ajustements. »

La Russie et le principe de « problèmes africains – solutions africaines »

Nebenzia a également affirmé que les ingérences extérieures « excessives » dans ces questions, « dont nous avons été témoins ces derniers mois », ne peuvent que compliquer la situation. « La fermeture de certaines bases françaises dans le pays, les Maliens se retrouvent seuls et a estimé que les Maliens ont le droit d’interagir avec d’autres partenaires qui sont prêts à coopérer avec eux dans le domaine du renforcement de la sécurité.  Critiquer de telles actions est fallacieux et irrespectueux face à un État souverain », a dénoncé le délégué russe.  Il souligne en outre  que «  l’imposition de sanctions contre ce pays faisant déjà face à de nombreuses difficultés pourraient conduire à des conséquences fâcheuses. »

Vassily A. Nebenzia,  a estimé que ‘’les décisions concernant les modalités du mandat de la MINUSMA, y compris le nombre des forces engagées, doivent être prises à la lumière de l’avis de Bamako, ajoutant que la Fédération de Russie soutient le principe de « problèmes africains – solutions africaines » ‘’.

Admettant que la situation au Mali est un facteur clef de sécurité régionale, la Russie de Poutine s’est dit prête « à examiner les propositions visant à étendre l’assistance à la Force conjointe du G5 Sahel par l’intermédiaire du Conseil de sécurité de l’ONU»,  révèle une source fiable proche du dossier malien à l’Onu.

 

Faut-il le rappeler, la Gabon a été élu avec 183 voix membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU le 11 juin 2021 comme le Ghana  qui a reçu 185 voix. Son nouveau statut au Conseil de sécurité  a pris effet depuis le  1er janvier 2022 pour une durée de deux ans. Son avis comptera au CS jusqu’en décembre 2023.

On peut mieux  comprendre les raisons de la visite du président  Ouattara, qui  via  l’un de ses conseillers Mamadi Diané,  avait accusé d’avoir prêté main forte  à l’opposant Jean Ping contre Ali Bongo. Soutien qui avait été dévoilé à travers la fuite d’une écoute téléphonique le 29 août 2016, qui a eu des répercussions négatives  sur les relations entre  les deux pays.  Ouattara voit donc le soutien du Gabon aux sanctions de la CEDEAO contre le peule malien comme une occasion pour lui de réchauffer les relations entre la Côte d’Ivoire et le Gabon.

 

By Afrique54.net – Marcien Essimi

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