Cuisine africaine : Bien manger pour l’atteinte des ODD

Les nouvelles habitudes alimentaires contemporaines induisent inéluctablement que les citoyens du monde soient sensibilisés sur le fait que bien se nourrir au-delà des bienfaits pour la santé, peut avoir un impact significatif sur la réalisation des objectifs de développement durable.

 

 

Diaspora Kitchen du 9 au 10 Mars 2023 à Mouanko - Crédit photo : Afrique 54 / Thierry Eba
Diaspora Kitchen du 9 au 10 Mars 2023 à Mouanko – Crédit photo : Afrique 54 / Thierry Eba

 

 

Afrique54.net │ Dans son kaba aux couleurs chatoyantes, le visage fermé de Mbane,  sous ce morceau d’étoffe qui lui sert de foulard, affiche une santé de corps et d’esprit. A 65 ans, en dépit de la pluie de ce samedi matin, elle s’active pour les préparatifs de la réception à la chefferie.

Elle concocte depuis la veille pour la circonstance, un plat tout à fait particulier pour les peuples de la forêt, le met d’arachide au Ndengué. Ici à Lamba, village situé à 18 km de Nguélémendouka dans le département du Haut-Nyong, région de l’Est, les habitudes ont la peau dure.

A plus de 400 km de là, dans la localité de Mouanko, région du Littoral, Mbane est loin de s’imaginer que ce met aux mille et une vertu, de la cuisine de grand-mère s’expose au festival Diaspora Kitchen. Un met typiquement camerounais, qui attend encore d’être labélisé et exposé ses atouts. Comme ce met, l’on recense plus de 300 autres, qui attendent d’être vulgarisés au moment où la planète toute entière est confrontée d’une part au défi d’une alimentation de qualité et d’autre part, à la lutte contre la faim.

 

 

Diaspora Kitchen du 9 au 10 Mars 2023 à Mouanko – Crédit photo : Afrique 54 / Thierry Eba

 

 

« Moi je travaille avec les Nations Unies sur plusieurs programmes dont, celui du Manifeste des Chefs. Un programme où les chefs conscientisent autour d’eux comment éviter le gaspillage, et trouver la capacité d’avoir des légumes phares, des légumes du futur, des légumineuses. Et également on a beaucoup de personnes sur les sites particuliers, ces environnements où il y a des questions de famine qui souffrent. On est donc obligé de réfléchir au fur et à mesure, pour adapter des habitudes conformes et à ce qu’on peut faire pour le continent africain, » a fait savoir Christian Abegan, chef et expert en stratégie gastronomique.

 

 

Le Manifeste des chefs est l’une des campagnes du SDG2 Advocacy Hub, qui engage les chefs en tant que défenseurs d’un meilleur système alimentaire pour tous ; moins gaspilleur, plus nutritif et surtout respectueux de la terre. Le SDG2 Advocacy Hub est un consortium d’ONG, de groupes de plaidoyer, de la société civile, du secteur privé et d’agences des Nations Unies qui collaborent à des campagnes qui aident à atteindre l’ODD2 éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition, et promouvoir l’agriculture durable d’ici 2030.

Diaspora Kitchen part du postulat selon lequel, les recettes de la cuisine du Cameroun sont riches en saveurs et diversifiées, cela grâce aux combinaisons originales d’épices et de condiments qui donnent des résultats incroyables. En plus, la grande particularité de ces plats concoctés par nos grand-mère à la base est qu’ils ne sont ni trop pimentés, ni trop épicés et conviennent parfaitement aux palais les plus délicats. Ce qui justifie mieux son positionnement qui rejoint le principe selon lequel un monde mieux nourri est un monde meilleur.

 

 

Diaspora Kitchen du 9 au 10 Mars 2023 à Mouanko – Crédit photo : Afrique 54 / Thierry Eba

 

 

Et parmi les recettes classiques, typiques et très appréciées de la cuisine du Cameroun, on retrouve le poulet DG, le Kondrè de chèvre, le Ndolé à la viande de bœuf et aux crevettes, le Eru aux escargots, le bouillon de pattes de bœuf, le Ndomba de porc, mais aussi la consommation de beaucoup de poissons qui méritent d’être exposées à travers le monde. Car une analyse montre que 88 % des pays pour lesquels nous disposons de chiffres sont fortement confrontés à deux ou trois formes de malnutrition (retard de croissance chez les enfants, anémie chez les femmes en âge de procréer ou surpoids chez les femmes adultes).

Malgré les avancées mondiales enregistrées au cours des dernières décennies quant à l’amélioration de la nutrition et la réduction de son fardeau sanitaire, le rapport sur la nutrition mondiale de l’année 2021 témoigne de l’ampleur et de l’universalité du problème de la nutrition.

 

 

Le nombre d’enfants de moins de 5 ans atteints de malnutrition aiguë ou chronique a certes diminué dans de nombreux pays, mais les données à notre disposition révèlent que les avancées mondiales en matière de réduction de ces formes de malnutrition ne sont pas assez rapides pour atteindre la cible 2.2 des Objectifs de Développement Durable (ODD) visant à mettre fin à toutes les formes de malnutrition d’ici à 2030.

Tout comme les chiffres sur la faim dans le monde évoluent dans la mauvaise direction. Aujourd’hui, par exemple, 815 millions de personnes se couchent le ventre vide, un chiffre en augmentation par rapport aux 777 millions de personnes recensées en 2015.

On estime à 38 millions le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire grave au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, tandis que l’Ethiopie et le Kenya connaissent d’importantes sécheresses. Aucun pays n’est actuellement en bonne voie pour atteindre les objectifs de réduction de l’anémie chez les femmes en âge de procréer et le nombre de femmes souffrant d’anémie a en réalité augmenté depuis 2012.

 

© Afrique54.net │ Thierry Eba

 

 

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