Xénophobie en Tunisie : La Camerounaise Manuella poignardée, Amnesty International charge le régime Kaïs Saïed

Dans son communiqué du 10 mars 2023, l’ONG Amnesty International affirme que la demandeuse d’asile Manuella âgée de 22 ans a été poignardée à la poitrine.  

 

 

 

Afrique54.net │ Selon les personnes interrogées, après le discours de Kaïs Saïed, des Tunisiens, parfois armés de bâtons et de couteaux, sont descendus dans les rues de la capitale et les ont attaqués ou ont fait irruption chez elles. « Le 24 février, Manuela D., 22 ans, demandeuse d’asile camerounaise, a été poignardée à la poitrine et très grièvement blessée. Elle a été agressée par un groupe de six hommes qui lui ont hurlé des injures racistes, » fait savoir Amnesty International.

Selon le témoignage de Daniella, elle se trouvait dans le quartier d’Ariana à Tunis, devant un café, lorsqu’elle a reçu un violent coup à la nuque. Elle est tombée à terre et a entendu des voix crier, en français : « Rentrez chez vous, bande de Noirs, on ne vous veut pas ici ».

Le sien droit de Daniella atteint

Lorsqu’elle a repris connaissance, elle se trouvait à l’hôpital, couverte de sang, ses vêtements déchirés. Elle avait une longue plaie ouverte sur le sein droit, ainsi que d’autres blessures au niveau du ventre et des lèvres. Elle a envoyé à Amnesty International une photo prise ce soir-là, montrant sa blessure à la poitrine.

Aziz, 21 ans, originaire de Sierra Leone a subi des violences. Il est arrivé en Tunisie en juin 2021 pour travailler comme ouvrier dans le bâtiment. D’après son récit, quelques jours après le discours de Kaïs, 10 Tunisiens sont descendus chez elle à Ariana. Ils ont fracassé la porte, volé ses affaires et l’ont mis dehors avec sa famille. Ses agresseurs, qui ont également bousculé son épouse, ont dit : « “Tous les Noirs doivent partir”.

« Ils ne veulent pas nous voir, ils ne veulent pas de nous ici… Ils ont pris notre argent, même notre nourriture, et nous ont dit qu’ils ne voulaient pas de Noirs, que nous devions retourner en Afrique, » martèle Aziz.

 

 

Attaques imputables à des policiers

Trois personnes interrogées par Amnesty, ont déclaré avoir été agressées ou arrêtées par des policiers. Milena, étudiante originaire du Burkina Faso, a affirmé qu’elle a été agressée verbalement et physiquement par des policiers. Elle sortait du supermarché dans la matinée du 03 mars 2023 lorsque trois Tunisiens ont commencé à l’insulter et à lui dire de quitter le pays.

« Une voiture de police qui passait s’est alors arrêtée, mais au lieu de s’occuper des agresseurs, les policiers lui ont demandé de présenter son permis de séjour. Elle a répondu qu’elle était étudiante et leur a montré ses documents scolaires, » rapporte Amnesty International.

Milena a été menottée sur-le-champ, contrainte de monter dans la voiture de police et emmenée au poste d’Ariana. « Lorsque je suis arrivée au poste, un policier m’a crié “Vous, les Noirs, vous créez des problèmes”… et un autre m’a donné un coup de genou dans le ventre, » explique-t-elle.  Avocats Sans Frontières (ASF), qui fournit une aide juridique aux personnes demandeuses d’asile et migrantes, a confirmé qu’au moins 840 Africains noirs – migrants, étudiants ou demandeurs et demandeuses d’asile – ont été arrêtés dans plusieurs villes de Tunisie depuis début février.

 

© Afrique54.net |Lucien Embom

 

 

Facebook Comments Box