Showbiz au Cameroun : Destiné Bilong parle de l’influence de Jean Bikoko et Alpha Blondy sur sa musique

► Dans sa première grande interview donnée le 12 novembre 2022, la jeune artiste musicienne camerounaise évoque également comment elle a été marquée par Eboa Lotin, Belka Tobi, Defense, X-Maleya, Meiway et Daouda.

 

 

► Désormais votre nom va résonner dans la sphère musicale de manière récurrente. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je vous remercie de m’inviter à m’exprimer dans vos colonnes et surtout de me donner l’occasion de me faire connaître. Je suis Destiné Bilong. J’aime me présenter comme une maman, une sœur, une fille qui aime et pratique la musique depuis longtemps. La musique est ma deuxième passion. La première, c’est la restauration. Partie très jeune de mon Cameroun natal, avec un certain niveau en pratique du chant gospel, j’ai réussi à me frayer un chemin dans le monde de la musique, au gré des rencontres, des expériences heureuses et malheureuses. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai les armes pour m’imposer comme auteur compositeur.

► Parlez-nous de vos débuts dans la musique. Comment s’est produit le déclic ?

J’ai été plongée dans la musique, dès le berceau. Il faut dire que le chant est très pratiqué dans ma famille. Issue d’une famille chrétienne protestante, j’ai commencé à me familiariser avec le chant dès le bas âge. A l’âge de 9 ans, je m’évertuais déjà à diriger le chant au sein de la chorale Jesus Friends de ADNA. Mon grand frère, le regretté Danny Bilong que beaucoup connaissent et qui nous a quitté récemment était un grand batteur. J’ai pris l’habitude d’écrire des textes, pour exprimer mes états d’âme : aussi bien la joie que la tristesse. Mais le déclencheur, c’est surtout les blessures de la vie et d’autres choses que je ne citerai pas ici. Ma carrière musicale a commencé grâce au jeune musicien Armand Engo Solo, mon arrangeur 16 étoiles. C’est lui qui m’a encouragée à entrer en studio. Mon premier album était ‘’AIME.’’ Ensuite il y a eu AMOUR, JALOUSIE, et aujourd’hui, ASSIKO.

►Pourquoi avez-vous composé ‘’Les Mets de M’MA’’ ?

Les Mets de M’MA-Sucré Salé, est un titre de l’album AIME, qui est mon premier album. Je l’ai écrit parce que je ne voulais plus avoir de revendication de youtube par rapport à d’autres artistes. Alors je me suis dit, pourquoi ne pas écrire ma propre chanson pour mes menus. Et c’est comme çà que j’ai trouvé des paroles pour Sucré Salé les mets de Mma, jusqu’à en faire une chanson de menu.

 

 

► Vos thèmes parlent de la société, de l’amour, de l’amitié, des déceptions, des coups de foudre. Comment expliquez-vous cela ?

Les thèmes que je traite sont effectivement basés sur les réalités de la société comme l’amour, la déception, les coups durs de la vie. Mon histoire est semblable à celle d’une femme de plus de 100 ans. Quand on a 100 ans, on a de la matière. On peut exploiter les injustices, de la déception, les objectifs non atteints, les joies comme la naissance des enfants et les belles rencontres.

► Le titre ‘’L’Amour d’une Mère’’ est fort évocateur dans un Assiko assez enlevé. Un retour aux sources. Quels sont les rapports que vous entretenez avec les autres artistes musiciens évoluant au Cameroun et à l’étranger ?

Le titre ‘’Amour Inconditionnel d’une mère’’ est plein de signification. Vous savez qu’une maman est tout. Une maman, c’est la joie, c’est la vie. Quand ta mère te donne la vie, elle se sacrifie. Elle fait tout. Elle fera tout pour que tu sois une personne, pour te conduira jusqu’à l’âge adulte. Il y a des enfants qui oublient l’amour d’une mère, qui oublient le sacrifice d’une mère et oublient que leur mère pourrait donner sa propre vie pour eux. Vous savez, même les pires assassins de ce monde ont une mère. Leurs mères les aiment toujours. Rares sont les mères qui n’aiment pas leurs enfants, même après les pires choses dans la vie. Le cœur d’une mère reste toujours ouvert, malgré toutes les déceptions que son enfant peut lui apporter ou tous les malheurs que son enfant peut lui infliger. Personnellement en tant que mère, je m’émerveille tous les jours de voir mes enfants. Je remercie l’Eternel de me les avoir donnés.

‘’Amour Inconditionnel d’une Mère’’ est un retour aux sources, certainement en vraie camerounaise, fière de l’être. Depuis longtemps, j’ai eu envie de produire une chanson dans un rythme traditionnel de chez nous. C’est fait aujourd’hui, avec un rythme bassa, qui rappelle mes origines.

Mes rapports avec les autres artistes, sont très fructueux. Au Cameroun, bien que n’étant pas sur place, je travaille avec mon équipe qui a soutenu mes premiers pas dans la musique. J’aurais pu travailler avec une équipe là où je vis, mais j’ai préféré garder l’équipe qui a lancé ma carrière musicale. C’est l’occasion de leur rendre hommage : Armand Engo Solo, mon arrangeur 16 étoiles, mes choristes (…), mes musiciens du studio (…), Fanaldi qui a arrangé mon premier album.

Mais je ne peux pas minimiser l’influence des autres musiciens sur ma musique. C’est le cas des anciens comme Jean Bikoko Aladin, Eboa Lotin, ou de ma génération et des plus jeunes : Belka Tobi, Defense, X-Maleya, Meiway, Alpha Blondy, Daouda à qui j’ai rendu un hommage avec la chanson ‘’le mari de ma patronne.’’ Je pense aussi à la grande sœur Grâce Decca, et les petites sœurs comme Lady Ponce que j’admire beaucoup parce qu’elle est une bosseuse, Jose, Yemi Alade, et Charlotte Dipanda, avec qui je rêve de chanter en featuring. Il y a des artistes comme Céline Dion et  Beyonce pour qui j’ai de l’admiration.

► Vous êtes aussi restauratrice. Comment allez-vous trouver le temps pour le showbiz ?

La restauration et le showbiz vont ensemble. Je fais les deux en même temps. J’ai toujours près de moi, un enregistreur ou un stylo pour pouvoir écrire les paroles ou enregistrer une mélodie. C’est deux métiers que j’aime énormément. Je donne plus de temps à la restauration parce que la musique c’est un loisir pour moi. Mais j’ai décidé de partager ces œuvres que je compose. Après la sortie mon premier album qui a été réalisé par Fanaldi, il m’a dit de ne pas m’asseoir sur mes œuvres. Il m’a demandé ce que j’allais en faire. J’ai répondu que j’allais les écouter. Il m’a dit, tu écris de la musique pour écouter ? Tu ne voudrais pas faire partager ? Peut-être que je ne donne pas suffisamment de temps au showbiz.

J’aime beaucoup mes deux métiers. L’un ne va pas sans l’autre. Quand, je suis dans ma cuisine, je suis émerveillée, j’ai la force. Quand je chante, je sors de mon corps. Ces deux choses, je les fais au même moment pratiquement. Parce qu’il peut m’arriver de laisser mon couteau et d’aller écrire un texte. Je peux écrire des tas d’albums car j’ai toujours l’inspiration. Quelque fois, je la fais taire pour me concentrer sur le travail de traiteur. J’en ai besoin pour faire de la musique.

► Quels sont vos projets à court, moyen ou long terme ?

Je dois me faire connaître. Je dois sortir des albums. Je ne peux pas attendre 20 ans pour sortir mes œuvres. Avoir des relations avec les autres artistes, m’intéresse aussi. Voilà mes projets à court, moyen et long terme.

 

Interview réalisée par Parfait Lindjeck pour Afrique54.net

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