Guinée Conakry : Les recommandations du NDI pour la réussite de la transition en Guinée

► La mission d’évaluation technique de l’Institut national démocratique (NDI) en République de Guinée a rendu la copie de son rapport ce 15 mars 2022 à Conakry.

 

Afrique54.net – Sous la conduite de Christopher Fomunyoh, l’Institut national démocratique (NDI) a mené une mission d’évaluation technique à Conakry, en République de Guinée du 09 au 15 mars 2022. Le but de la mission était d’évaluer les priorités des citoyens pendant le processus de transition de la Guinée. Il était aussi question d’explorer les possibilités d’assistance technique aux institutions dirigées par des civils et aux organisations de la société civile œuvrant pour une transition inclusive, transparente et crédible.

Après sa réception par les autorités de la transition, les acteurs politiques et les organisations de la société civile ; la délégation du NDI au cours de sa mission a fait plusieurs observations.

Les principales observations de la mission

Selon la déclaration finale de la mission, la délégation du NDI composée de six cadres a fait plusieurs observations sur le terrain. Elle a entre autres noté, «  une grande attente de la part des Guinéens à ce que le pays revienne à l’ordre constitutionnel et à un régime démocratique dans des délais raisonnables, après des réformes inclusives de la constitution et du cadre électoral, et à travers des élections crédibles et transparentes ».

La délégation a également observé « un fort désir chez la plupart des Guinéens de voir naître un dialogue fécond et constructif avec leurs compatriotes, pendant qu’ils continuent à partager leurs opinions librement et à faire preuve d’une prise de conscience quant à leurs rôles et responsabilités durant le processus de transition et au-delà ».

De même, pour les Guinéens, « le processus de transition doit inclure des mesures durables, délibérées et sérieuses pour la réconciliation nationale, afin de surmonter les profondes divisions politiques et ethniques de la Guinée ». De nombreux Guinéens ont également «  exprimé l’espoir que la transition en cours vers un régime civil et démocratique soit couronnée de succès et soit la dernière dans l’histoire du pays ».

Des risques potentiels pouvant raviver les tensions politiques, voire la violence

Nonobstant l’optimisme observé, la délégation a identifié des risques potentiels pouvant raviver les tensions politiques, voire la violence. Le NDI a noté « un manque de clarté sur le chronogramme de la transition et l’ordre des priorités pour la période de transition. De nombreux Guinéens se sont plaints des actions récentes des autorités de transition qui contredisent certaines de leurs déclarations antérieures, faites dans les moments qui ont suivi la prise de pouvoir ».

Le NDI indique, « Si les membres d’autres organes de la transition sont connus, notamment les membres du gouvernement et du CNT, la composition nominative des membres de l’organe décisionnel central de la transition, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), reste inconnue. De nombreux Guinéens estiment qu’il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce que les populations fassent confiance à des décisions prises par un organe dont la composition nominative reste inconnue. Une telle opacité génère une méfiance croissante et un manque potentiel de responsabilité et de redevabilité qui pourraient affaiblir la confiance nationale et internationale dans le processus de transition ».

La délégation a également noté un très faible niveau de représentation et d’inclusion des femmes au sein des institutions de transition. En effet, le CNT compte 24 femmes sur 81 membres. Cependant, une seule des huit gouverneurs est une femme. Sur 33 préfets et 304 sous-préfets, aucun n’est une femme. En outre, le nombre de femmes dans le gouvernement de transition est faible.

Six mois après le début de la transition, un nombre important d’acteurs politiques et civiques réputés pour leur plaidoyer en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance ressentent qu’ils n’ont pas la possibilité de contribuer de  manière significative au processus de transition. Certains se demandent si le CNT est suffisamment représentatif pour prendre des décisions au nom des forces vives de la société guinéenne.

Les 17 recommandations du NDI à la Guinée 

Au terme de sa mission, la délégation de l’Institut national démocratique a formulé 17 recommandations à l’endroit des autorités de transition, des partis politiques, de la société civile et des médias guinéens.

Le NDI a recommandé aux autorités de la transition guinéennes de Tirer profit de cette occasion historique pour donner l’exemple en réalisant des réformes constitutionnelles et électorales inclusives et en organisant des élections démocratiques à temps et de manière transparente ; de Publier un chronogramme de la transition pour clarifier et cibler les actions des entités gouvernementales, des partis politiques, de la société civile et des autres parties prenantes, afin de renforcer la confiance et la participation des citoyens et de garantir ainsi le succès de la transition.

Il leur est aussi recommander de Protéger et garantir les droits et libertés des citoyens, y compris la liberté d’expression et le pluralisme des opinions ; d’ initier et maintenir un processus de consultation permanente, flexible et inclusif entre les principales parties prenantes afin de promouvoir de meilleures, et plus solides, lignes de communication avec les acteurs politiques et civiques, sans faire duplication des institutions de la transition et/ou de leurs compétences.

Les autorités de la transition doivent aussi prendre des mesures délibérées pour inclure les femmes dans les institutions de transition et élaborer des politiques sensibles au genre, y compris pour ce qui est des réformes constitutionnelles et électorales, de donner la priorité aux réformes qui démontreront l’engagement public de l’armée à ramener le pays à un régime civil et démocratique, et développer un consensus national autour de questions importantes qui seront mieux prises en charge à long terme par un gouvernement et une législature élus et de publier la liste nominative des membres du CNRD dans un souci de transparence et du renforcement de la confiance entre Guinéens.

Les partis politiques guinéens  doivent s’engager de manière proactive dans la transition et mener une évaluation critique des rôles et des responsabilités des partis politiques dans la construction et la sauvegarde de la démocratie, et éduquer les militants et sympathisants des partis sur leurs droits et responsabilités ; ils doivent utiliser la période de transition pour renforcer la démocratie interne au sein des partis, notamment en donnant la priorité à l’inclusion des femmes et des jeunes et en leur offrant des opportunités de leadership et doivent s’engager les autorités dans des discussions sur les réformes du cadre juridique des partis politiques guinéens et des élections afin de mettre en valeur la diversité ethnique du 4 pays et de professionnaliser les partis politiques afin de diminuer le poids des replis identitaires en politique.

La société civile doit intensifier les efforts d’éducation civique et d’engagement citoyen afin d’élever le niveau de participation citoyenne dans les différentes plateformes consultatives pendant la transition ; continuer à observer et à suivre les performances des divers acteurs pendant la transition, y compris les entités gouvernementales civiles et militaires ainsi que les partis politiques et les médias ; participer et fournir une expertise sur les réformes et les politiques publiques telles que l’élaboration d’une nouvelle constitution et la création d’institutions démocratiques fortes et indépendantes visant à établir des processus électoraux transparents et inclusifs et mettre en œuvre des programmes innovants tels que des sondages d’opinion publique qui collectent, analysent et reflètent les voix des citoyens et des initiatives pour lutter contre la désinformation, les fausses nouvelles et les discours à caractère haineux.

Il est recommandé aux médias guinéens de contribuer à la sensibilisation, à l’éducation civique et électorale et à l’engagement citoyen pendant la transition ; éviter d’exacerber la polarisation et la désinformation politique et/ou ethnique et promouvoir le développement et le respect des normes et standards d’éthique professionnelle et rechercher des points d’entrée pour contribuer à l’élaboration, à la mise à jour et à la promotion de la législation protégeant la liberté d’expression et des médias et le droit à l’information.

 

© Afrique54.netMarcien Essimi

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