Côte d’Ivoire : Le nouveau parti de Gbagbo serait mort-né

Le 17 Juin 2021 au QG du FPI à Attoban qui sera bientôt le défunt FPI, Gbagbo a eu un ton qui rassure. “Je suis venu, je demanderai au Secrétaire Général de me donner quelques jours pour pleurer mes morts.” Fixant ainsi le cap de ses activités privées. Ensuite, il a dit ce que tout le monde attendait.  “Je suis votre soldat, je suis mobilisé.” Avant d’appeler à la mobilisation. “Nous allons travailler. Vous allez me dire quand.” Lorsqu’il annonce la création d’un nouveau parti l’enthousiasme militant est plombé par sa demande publique de divorce avec la Première Dame Simone Ehivet. Le volontariste qui caractérisait l’ex-FPI n’est pas au rendez-vous. Ce nouvel instrument de combat apparait avant son lancement comme une organisation mort-née.

 

Source photo : lanouvelletribune.info

 

Guerre des communiqués

La guerre des communiqués annonce un accouchement difficile, voire par césarienne du Parti à venir. Cette bataille commence juste postérieurement à la déclaration du Président Gbagbo le 9 Août 2021, lors de la session du Comité Central Extraordinaire du FPI-non-dissout. “Je propose au Comité Central, la solution suivante: Laissons Affi avec l’enveloppe qu’il détient et nous, nous allons prendre la décision des aujourd’hui de créer notre parti avec le même contenu. Nous allons baptiser le FPI autrement. Mais, il va rester là-bas et nous, nous allons prendre, parce que le FPI c’est nous. Les bases sont là, les fédéraux sont là, les comités de bases sont là, les secrétaires de sections sont là, nous allons changer de nom, c’est tout.”  Avait-il proclamé.

Le 25 Août 2021, Dr. Simone Ehivet Gbagbo est nommée Présidente du Comité Scientifique devant analyser et synthétiser les réflexions des 10 Comités thématiques qui œuvrent aux préparatifs du Congrès Constitutif du futur Parti. L’information est consignée dans le “Projet d’Organigramme du Congrès.” structures qui œuvrent aux préparatifs du congrès constitutif du futur parti.

Ce document d’orientation stratégique indique que Simone Ehivet Gbagbo, 2è Vice-Présidente du FPI-Courant-Traditionnel, aura pour rapporteurs le Ministre Lia Bi Douayoua et le Pr Bohui Hilaire. Le lendemain, dans un communiqué rendu public, Assoa Adou, Secrétaire Général de l’ex-aile-dissidente du Front Populaire Ivoirien “informe l’opinion nationale, au nom du Président Laurent Gbagbo, qu’il n’en est rien” du document—pourtant authentique—qui citait Simone Ehivet à la tête de la Cellule Scientifique. Le texte de Assoa qui ressemble à une construction précipitée, poursuit. “Les conclusions desdits travaux seront communiquées, le moment venu, par le président Laurent Gbagbo lui-même.”

Le 7 Septembre 2021 un autre document dont la structuration est d’une légèreté à nulle autre pareil, circule sur les plateformes virtuelles avec un chapelet de noms, dont celui de Simone Ehivet Gbagbo. Cette femme-courage réagit et exige “un minimum de respect et de considération.” Puisqu’elle “observe” à travers la Décision N◦ 01/2021/LG du Président Laurent Gbagbo signée du Dr. Assoa Adou que “depuis le lancement de l’idée de création d’une nouvelle Organisation politique, au Palais de la Culture le 9 Août 2021, [ses] anciens camarades de Parti utilisent des méthodes d’approche pour le moins surprenantes: aucune convocation de réunion, aucune consultation, des nominations que l’on découvre sur Internet ou dans la presse écrite.”

Espèce d’incapables

Cette guerre des communiqués fait suite à la cacophonie indescriptible orchestrée par les recrues de Nady Bamba—La “petite femme” de Gbagbo à la longue robe blanche des infirmières. Des opportunistes qui en plus de n’avoir pas été sous les tonnes de bombe Françaises et Onusiennes quand celles-ci s’écrasaient sur les crânes de Ehivet et Gbagbo, n’ont pas appliqué la leçon de leur maître. A savoir, “Si je tombe, enjambez mon corps et continuez le combat.” Ces froussards s’étaient plutôt terrés avant que la première balle ne balafre l’air.

Dans leur exil princier, ils n’avaient pas pensé et mis en marche une machine de pression devant conduire à la libération du couple Présidentiel. Gbagbo, le dieu fait homme par ces griots-déviationnistes depuis sa sortie de prison ne comptait plus pour un radis. Gbagbo séquestré, leur vision l’était aussi. Puisque Gbagbo pour ces griots du culte de la personnalité est la “vision.”  La “vision” incarcérée, leur cerveau était en berne. Pas une lueur de réflexion sur une politique de relance du Parti en tant de crise. La campagne “Gbagbo Ou Rien” est leur cache-sexe. Les circonscriptions électorales du Nord confisquées sous la pointe de l’épée, la lame du sabre et le sang par Alassane Ouattara sont abandonnées à ce dernier. Personne parmi eux ne songe à une stratégie de reconquête de terrain. Aucune technique de mobilisation et d’implantation n’est mûrie.

C’est à cette espèce d’incapables que Gbagbo confie le management du projet de création de son prochain Parti politique. Une Organisation qui pourrait être sectaire. Puisqu’un groupe mené par Koné Katinan, Issa Malick Coulibaly, Demba Traoré, aurait formalisé la confiscation de sa Direction par le Nord. L’effritement et la dislocation du FPI qui a conquis les libertés individuelles et collectives, répondrait entre autres à cette logique qu’à un refus d’une bataille juridique contre Affi N’Guessan.

Prendre les mêmes

Dans “Pour la vérité et la justice,” co-écrit avec François Mattei, Laurent Gbagbo à la page 133 explique. “J’étais entouré de compromissions, de traîtrises, d’alliances mercantiles, de duplicité. Bien sûr qu’on avait noyauté mon entourage…C’était facile: autour de moi, certains misaient en même temps sur ma chute et sur ma survie…Je ne pouvais pas tourner ma tête ni à droite, ni à gauche, sous peine d’être décapité. Alors je regardais droit devant vers les élections, la sortie du tunnel.” Une révélation confirmée par Koné Katinan. “Gbagbo est allé à la CPI à cause de nos propres turpitudes. Il y avait des gens autour de lui qui allaient au-delà du cadre légal pour agir. Quand on va au-delà de ce que la loi permet à notre statut pour agir, ce n’est pas bien.”

Gbagbo sait tout cela. Pourtant, en bonne place dans la mise en route de son Parti, il a enrôlé les truands—Ceux qui ont participé à sa descente aux enfers. Dano Djéjé, Professeur de Pharmacie, Ministre de la Réconciliation—considéré par certains comme le mouton de service—qui tremble si son interlocuteur veut porter une analyse critique sur Nadi Bamba.  Hubert Oulaye qui, Ministre de la Fonction Publique sous Gbagbo avait constitué un réseau de vente des sujet de concours d’entrée à l’ENA. Lorsque le Président Gbagbo parraina la sortie d’une promotion de cette Ecole, il dénonça implicitement cette pratique. “Il parait qu’on vend les concours ici monsieur le Ministre?”  Quelques semaines plus tard, Oulaye fut demis de ses fonctions.

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Comme Danon Djéjé et Oulaye, Assoa Adou est aussi un mauvais Ministre de l’Administration Gbagbo. Du Ministère de la Construction ou il brille par son incompétence, il est recasé à la Défense. Là il fait pire. Il laisse “filer” une offre de matériels nocturnes à infrarouge, négocié par un Ivoirien vivant aux USA alors qu’une partie du pays est occupé par la rébellion. Pourtant, le Chef de l’Etat attendait ce dernier avec ses partenaires-fournisseurs Américains. En Août 2019, Assoa et ses compagnons Akoun Laurent, Gnagne Adou sont pris en chasse par les militants FPI de la Région de Alepé qui protestaient contre sa gestion calamiteuse du Parti. Toujours dans le cadre du Parti, rentré en Côte d’Ivoire après ses études de Médecine en France, il devient membre du PIT. En se ralliant à ce Parti fondé par le Pr. Francis Wodié, l’une des meilleures imminence grise en Droit Constitutionnel, il trahit de ce fait le “serment de Strasbourg” pris avec Zadi Zahourou, Amadou Traoré dit Le Puissant, et Laurent Gbagbo. Ce pacte disait, “si jamais l’un d’entre nous meurt, celui qui reste en vie doit tout faire pour conquérir le pouvoir pour changer la Côte d’Ivoire.”  Ce migrant politique sera intégré au FPI en 1994 par le Président Gbagbo.

Koné Katina, Ministre du Budget dans le gouvernement de 2010 avait été accusé par Ouattara Alassane dans la casse de la BCEAO. Il serait le cerveau de la mise à l’écart de ses camarades. Et le théoricien de la prise en otage du FPI par le Nord. Mission qui lui aurait été assignée par Nady Bamba.

Chaînon manquant

Tous ceux qui connaissent l’échiquier politique Ivoirien se sont demandé où est passé la ruse politique de Gbagbo. Il avait pourtant suscité de l’espoir dans son premier discours officiel le 17 Juin 2021 par un vibrant hommage à son dernier Premier Ministre, le Pr. Gilbert Ake N’Gbo. Un illustre économètre Africain proche de la Première Dame Ehivet. “C’est un très bon économiste que nous avons. J’espère qu’un jour le pays lui donnera l’occasion de prouver qu’il est un économiste brillant.”  Avait fait savoir le Woody.

Sur ces mots, certains ont rêvé qu’il accordera au sein du Parti à naître une cellule de réflexion sur les questions économiques qui en réalité soutiennent la politique. Cette “poche” économique aurait pu être charpentée autour de Ahoua Don Mello et Gilbert Ake N’Gbo. Soutenue par des valeurs sûres à l’instar de Pierre Kipré, Pascal Kokora, Koffi Koffi Lazare, et Simone Ehivet—qui ont pour les uns un sens aigu de détails et d’analyse, et pour les autres une pratique incontestable dans l’elaboration de projets économiques.

Il reviendrait à ces experts de mettre au service du Parti leur savoir-faire à monter des offres techniques et financières. Aider à effectuer un traitement mathématique et statistique de données économiques. Fournir des éléments fiables et quantifiés qui permettent de prendre des décisions capables d’influencer des choix de marchés, d’implantation d’entreprises, voire de mise en place de politiques économiques. Simuler des processus, créer des outils de modélisation, anticiper, repérer et planifier les tendances et les fluctuations futures. Ceci en vue de réaliser des applications économiques et financières, au niveau national—Voire international dans le cadre d’une collaboration stratégique.

Incompris Kokora

Une telle démarche aurait corrigé le pilier économique qui a toujours manqué au FPI excessivement politique, et dont Pascal Kokora, Professeur Emérite, co-fondateur du FPI a toujours critiqué. Si le contexte des années ’90 exigeait les instruments politiques pour se positionner sur l’espace national, jeter les fondements d’un Parti Politique deux décennies plus tard sans tenir compte de l’environnement géoéconomique et géostratégique dans les réflexions de base, est une faute politique monumentale.

Sur cette assise, il revient que Gbagbo n’a jamais écouté Kokora. Toujours mis en minorité. Et délibérément éloigné des différentes structures de mise en place du futur Parti par les fonctionnaires de la politique qui s’agglutinent encore autour de Gbagbo. Pascal Kokora, homme de terrain, a été le chef d’orchestre dans la mobilisation de la Diaspora pour “réfléchir à la meilleure manière d’opérer une rupture avec leurs comportements du passé, afin de pouvoir contribuer plus effectivement au combat de la souveraineté nationale de leur pays.”  Ceci en “mettant en exergue l’urgence d’un changement de paradigme visant à accorder plus de temps au discours sur la souveraineté économique et moins de temps au discours sur la souveraineté politique, qui se présente assez souvent sous un jour partisan et diviseur.” Comme ressorti lors du Forum de Paris tenu les 19 et 20 Mai 2018 sous sa houlette, avec la participation de 200 participants de la diaspora Ivoirienne et Africaine.

Poudre aux yeux

Le Congrès de Gbagbo les 16-17 Octobre 2021 recevra certainement des personnalités comme Jean-Pierre Mbemba, et les représentants de Denis Sassou N’Guesso, Félix Antoine Tshisekedi, et autres. Mais la fête n’y sera pas. Le charivari qui a rythmé sa préparation, mais surtout et essentiellement les frustrations faites à la Première Dame Simone Ehivet entraîneront des conséquences sur le produit final.

Si par erreur de casting Gbagbo et son troupeau ne lui trouve pas une place d’honneur au sein de cette Organisation, ce Parti sera simple mort-né. Car, la mobilisation des femmes et de la diaspora pour elle est un ouragan contre ce futur Parti.

 

By Afrique54.net – Une Chronique de Feumba Samen

 

 


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