Visite officielle : Le Chef de l’État camerounais attendu à Paris

►Le Chef de l’État camerounais, Paul Biya, serait attendu en France à l’invitation de son homologue Emmanuel Macron. Selon certaines indiscrétions, le doyen de la CEMAC devrait être reçu ce 17 août 2021, à l’Élysée, pour une visite officielle. Il sera reçu par Emmanuel Macron, avec lequel seront abordés plusieurs sujets, dont celui de la Cemac. Cette visite qui intervient deux ans après la dernière, est destinée à consacrer le retour d’un climat de confiance entre les deux pays.

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Afrique54.net –  Sa dernière visite remonte  au 10 novembre 2019 à Paris, en compagnie de son épouse Chantal BIYA, pour prendre part du 11 au 13 novembre de la même année, à la deuxième édition du Forum de Paris sur la Paix.

Deux ans donc que le Président Paul Biya ne s’était plus rendu du coté de l’hexagone. Certainement du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a secoué la planète toute entière, et rendant difficile toute mobilité. Mais plus encore, suite aux multiples troubles et perturbations orchestrées par certains camerounais de la diaspora, qui semble avoir opté pour la violence comme option pour l’alternance.

Visite officielle : Le Chef de l'État camerounais attendu à Paris

Il y va donc, en France après un séjour tumultueux du coté de la Belgique. Où quelques camerounais déterminés à mettre en mal ses séjours à l’étranger, sont allés une fois encore faire parler d’eux.

Une visite de raccord

La “visite officielle de travail” que dois entreprendre le chef de l’État camerounais le 17 aout 2021 à Paris est essentiellement politique. Elle doit consacrer à la fois le rétablissement des relations traditionnellement étroites et harmonieuses entre les deux pays et conforter l’autorité de Paul Biya sur la scène internationale.

En effet, après avoir brigué son cinquième mandat à la magistrature suprême, au terme d’un scrutin présidentielle contesté du 07 octobre 2018, le président camerounais avait dit-on perdu en crédibilité sur la scène internationale. En fait, certains géostratèges ont estimé que l’homme du 06 novembre 1982 n’était plus l’homme de la situation. Les intérêts des puissances étrangères, notamment de la France étaient de plus en plus menacés.

D’aucuns mettaient en avant la démocratie, jugée menacée, voire en net recul dans ce pays du Golfe de Guinée, qui présente néanmoins de nombreux atouts. Pour d’autres, au regard de l’importance des richesses du sol et sous-sol du Cameroun, de sa position géographique et des jeux de transition avenir, le pays fait l’objet de plusieurs convoitises. Depuis lors, les deux chefs d’État camerounais et français, se sont de plus en plus distancés et très peu rencontrés en tête à tête, excepté lors de conférences internationales.

Le regard interloqué d’une coopération

“Il est de coutume pour la France d’être beaucoup plus proche de ses partenaires africains”, affirme-t-on du côté de Yaoundé, en rappelant que, sur une période aussi longue presque deux ans, d’autres chefs d’État du continent noir pourtant moins proches, historiquement, de la France, ont eu à plusieurs reprises l’occasion de s’entretenir avec le président français. Depuis plusieurs années déjà, le Cameroun a vécu des moments particulièrement difficiles, au cours desquels les autorités de Yaoundé ont eu le sentiment, parfois justifié, de ne pas recevoir de Paris tout le soutien qu’elles étaient en droit d’attendre.

Les Camerounais ont été réellement indignés de voir Paris aux cotés de certaines Ongs, condamner pendant longtemps quelques bavures de l’armée régulière, tout en gardant le silence sur les exactions des sécessionnistes.

Pendant longtemps, Paris a hésité à se prononcer devant les agissements et les manœuvres des sécessionnistes qui militent en faveur d’une division du pays. Pire, au plus fort de la guerre contre Boko Haram, l’appui en drone sur la ligne de front est plutôt venu de la Russie. Autant de faits qui ont laissé le pouvoir de Yaoundé songeur quand à l’avenir de ces relations d’amitiés.

De leur côté, les dirigeants français ont douté de la sincérité de cette amitié en voyant les contrats d’exclusivité s’envoler et les intérêts de la France ne plus être assurés. A leurs yeux, Paul Biya aurait véritablement affiché la carte selon laquelle “le Cameroun n’est la chasse gardée d’aucune puissance”. Paris a dû remettre en  cause, la capacité du successeur du Président Ahmadou Ahidjo à continuer à tenir les reines, à imposer la démocratie dans son propre pays et à surmonter la grave crise née des revendications des populations issues des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

La Cemac en filigrane

En toile de fond de cette importante rencontre, entre Paul Biya et Emmanuel Macron, il ya la Cemac, entendue Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale. Elle doit se réunir très prochainement. A la suite de la Commission qui a planché le 12 juillet 2021, sur les dossiers à soumettre aux 6 Chefs d’État de l’Afrique centrale lors de cette rencontre dont la date reste jusqu’ici inconnue.

Consciente de ce que la quintessence du sommet des Chefs d’Etat devrait reposer essentiellement sur les questions économiques et monétaires, la France souhaite voir préserver ses intérêts. Quelques-uns vont jusqu’à prêter à la France d’amplifier son caractère tutélaire avec une politique françafricaine dont elle dit vouloir se débarrasser du bout des lèvres.

L’objectif étant pour la France, de voir maintenir intact la zone franc de l’Afrique Centrale. La France explorait ainsi ces pays, le rôle des banques dans le financement de l’économie sous-régionale en période de Covid-19, l’harmonisation des conditions fiscales et douanières, les réserves de changes, l’avenir du franc CFA, l’accélération de la mise en œuvre des projets intégrateurs, le parachèvement de la fusion des deux marchés financiers de la sous-région, la revue des programmes économiques et financiers soutenus par le Fonds monétaire international. Autant de sujets qui intéressent Paris, à l’heure où le débat sur la monnaie en Afrique, bat son plein.

Une chose à retenir, c’est qu’en dépit de ces relations bien que controversées entre Paris et Yaoundé, la France demeure attaché à ce territoire. Une zone sur le plan géostratégique indispensable pour le contrôle de la Cemac.

 

By Afrique54.net ►Thierry Eba

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