Cameroun : Mimi Mefo Takambou libérée,  mais d’autres journalistes encore écroués

 Mise aux arrêts le 07 novembre 2018, la journaliste camerounaise Mimi Mefo Takambou a été libérée ce samedi 10 novembre 2018.  Cette annonce a été faite par le président du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), Denis Nkwebo qui a signalé sa sortie de la prison centrale de Douala,  capitale économique du pays.

 

 

Mimi Mefo, journaliste et rédactrice en chef adjointe de langue anglaise d’Equinoxe tv, le samedi ce samedi 10 novembre 2018 lorsqu’il était 13 heures (GMT+1). Cette annonce a été confirmée par le Général Manager de Équinoxe Télévision  qui « remercie toutes les personnes qui ont œuvré  de près ou de loin pour ce dénouement heureux ».

Équinoxe Télévision   remercie toutes les personnes qui ont œuvré  de près ou de loin pour ce dénouement heureux 

« Nous remercions particulièrement  le pool des avocats qui s’est mobilisé à cet effet. Nous remercions toutes les organisations socioprofessionnelles, l’opinion publique nationale et internationale, les autorités politiques et religieuses », a déclaré Séverin Tchounkeu, Président Directeur Général  de Équinoxe Télévision,  une chaîne de télévision indépendante.

Dans son communiqué, le Président du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), Denis Nkwebo « remercie le collège d’avocats qui ne cesse de grossir chaque jour, pour leur dévouement,  leur bénévolat et leur acharnement à cette cause qui a abouti à  une première victoire, celle de la libération de notre camarade, collègue et consœur ».

Objectif : arrêt des poursuites judiciaires 

Le Snjc entend maintenir cette synergie d’actions qui a permis cette victoire partielle pour que la victoire soit totale avec l’arrêt des poursuites judiciaires 

« Le SNJC félicite toutes et tous les camarades et hommes des médias pour la forte mobilisation et l’élan de solidarité qui a brisé tous les clivages, au-delà de nos sensibilités, pour arriver à cette première victoire. Le Snjc salue aussi les dirigeants et le personnel d’Équinoxe Radio/TV pour leur collaboration. » A-t-il ajouté avant de poursuivre : « le Snjc adresse particulièrement sa reconnaissance au Régisseur et le personnel pénitencier de la prison centrale de Douala pour le traitement des plus honorables qui a été réservé à Mimi Mefo et aux facilités accordées pour que les camarades lui apportent assistance. Le Snjc entend maintenir cette synergie d’actions qui a permis cette victoire partielle pour que la victoire soit totale avec l’arrêt des poursuites judiciaires ».

Faut-il le souligner. La présentatrice d’Equinoxe TV a été placée en détention provisoire mercredi 7 novembre par un juge militaire après avoir couvert le meurtre du missionnaire américain en région anglophone.

Selon nos informations, la journaliste Mimi Mefo n’était pas ressortie libre de son audition à la gendarmerie. Et elle  avait été conduite à la prison de New-Bell, à Douala.  Après avoir été auditionnée dans le cadre d’une enquête initialement ouverte pour diffusion de fausses nouvelles et cybercriminalité, la présentatrice d’Equinoxe TV avait été déféré le soir même devant le Commissaire du gouvernement, Jackson Ahanda Yemego , puis placée en détention provisoire.  Selon Maitre Alice Nkom,  l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat a été évoquée lors de l’audition de Mimi Mefo.

Violation de l’engagement

Le septième mandat de Paul Biya commence par l’arrestation manifestement arbitraire d’une journaliste

Dans un communiqué datant du 09 novembre 2018, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, a estimé que “Le septième mandat de Paul Biya commence par l’arrestation manifestement arbitraire d’une journaliste. C’est un acte grave, en parfaite violation de l’engagement pris la veille par le président lors de sa prestation de serment de respecter la Constitution, et une menace pour l’ensemble des professionnels de l’information au Cameroun ».

Selon lui, « La couverture du conflit entre le pouvoir central et les régions anglophones est une mission essentielle des journalistes et ne constitue ni une forme de soutien ni un acte criminel relevant des tribunaux militaires. Mimi Mefo doit être libérée immédiatement et sans condition ».

La détention de de la journaliste Mimi Mefo, intervient à la suite de Charles Truman Wesco,  meurtre du missionnaire américain  le 30 octobre 2018 dans la région anglophone du Nord-Ouest.  La journaliste avait partagé les informations d’un autre média qui a estimé que  l’armée camerounaise serait responsable de ce meurtre.

L’Etat n’a pas cédé

 

« L’Etat n’a pas cédé, mais agit dans le sens  de l’apaisement. Il ne sert à rien de se glorifier d’une mobilisation qui n’a aucun effet sur une application froide de la loi » 

Le porte-parole de l’armée camerounaise, le Colonel Didier Badjeck , qui a évoqué la magnanimité du Chef de l’Etat Paul Biya, a déclaré que : « que l’Etat n’a pas cédé, mais agit dans le sens  de l’apaisement. Il ne sert à rien de se glorifier d’une mobilisation qui n’a aucun effet sur une application froide de la loi ».  

Selon lui cette « décision qui grandit  l’Etat dans sa posture à être ferme et flexible, devrait permettre à tous de prendre conscience du fait que nous sommes tous justiciables ». «  Il y a plutôt lieu à méditer sur la légalité des actes que l’on pose et que cette affaire serve de pédagogie. N’oublie pas qu’elle comparaît libre », a ajouté le Colonel Badjeck Didier.

D’autres journalistes encore en détention

Mimi Mefo Takambou, présentatrice d’Equinoxe TV n’est pas la seule à être inquiétée par la justice camerounaise. Michel Biem Tong, cyberjournaliste , promoteur du site web hurinews.com et activiste, a été arrêté dans le 23 octobre 2018, dans une caserne militaire, au Service Central des Recherches Judiciaires du Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) chargé de la gendarmerie nationale.

Ce cyber-journaliste est poursuivi pour « apologie du terrorisme et incitation à l’insurrection », et risque la peine de mort prévue à l’article 2 de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme », relève un lanceur d’alerte camerounais.

« Biby Mancho, accusé des mêmes faits »

« Michel est un grand homme. Malgré ses dérapages … Je me suis fâché contre mon jeune confrère. Mais il est grand temps qu’il soit libre »

Le cas de Michel Biem Tong qui n’a pas encore connu une forte mobilisation du SNJC, divise les hommes de medias. « Michel est un grand homme. Malgré ses dérapages … Je me suis fâché contre mon jeune confrère. Mais il est grand temps qu’il soit libre », a souligné un journaliste camerounais avant qu’un autre n’observe : « …Tous mobilisés pour libérer Mimi, mais personne pour Biby Mancho, accusé des mêmes faits… »

A côté de Michel Biem Tong, le cas journaliste Gustave Flaubert Kengne, Directeur de Publication d’« Orientation Hebdo », est  évoqué. Ce dernier inculpé de « Participation à des hostilités contre la patrie », est  dans un quartier de la Prison centrale de Bafoussam. Ceci à la suite d’une « ordonnance de mise en détention provisoire du 29 octobre 2018  de Capitaine-Magistrat Daniel Ndongo Ateba, juge d’instruction n°1 au Tribunal Militaire de Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest », comme l’a précisé le lanceur d’alertes camerounais Paul Tchouta.

 

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